Assurance maladie : la fin du ticket modérateur ?

05 juin 2003

« Economiquement absurde, socialement dommageable mais… politiquement justifié ». Cette définition à l’emporte-pièce est celle d’un haut responsable du ministère des Finances, parlant du ticket modérateur de l’assurance maladie.

Aucun doute possible : si les décisions administratives portaient vêtement, celle qui a donné naissance au ticket modérateur serait habillée… pour plusieurs hivers ! Rémi Pellet pourtant, n’est pas n’importe qui. Professeur à l’Institut de la Gestion publique et du Développement économique au Ministère de l’économie et des finances, il est un vrai connaisseur en finances publiques. Et il n’apprécie vraiment pas le principe de cette mesure administrative supposée « modérer » – d’où son nom – les appétits des assurés sociaux en matière de remboursements de soins…

Economiquement absurde ? Rappelant la formule fameuse du Pr Cochrane, Pellet souligne à son tour que « le fait d’augmenter le prix des cercueils n’empêche pas (les gens) de mourir. » Il souligne aussi, le ridicule du remboursement à 30% de certains médicaments. Comme si leur efficacité n’excédait pas ce niveau. Quant au caractère socialement dommageable du fameux ticket, à ses yeux il est évident. « Car cette pratique implique la taxation des plus pauvres d’entre nous. Et en ce sens, le ticket modérateur est un véritable ticket d’exclusion. »

Il lui reste heureusement une forme de « justification politique. Précisément parce que « son existence même justifie celle des mutuelles et des régimes d’assurance complémentaire en santé. » A l’extrême il légitime la… CMU, cette « couverture médicale universelle » qui assure à plus de 4 millions de Français l’exonération d’un ticket modérateur qu’ils ne sauraient assumer !

Dans les prochaines semaines, la réforme de l’assurance maladie va occuper les devants de la scène. Une belle occasion, pour les observateurs épris de justice… et de rationalisation budgétaire, de veiller au devenir de ces tickets modérateurs. Car pour être vilipendés depuis 30 ans, ils n’en ont pas moins la vie dure…

  • Source : Troisièmes « Auditions de la Santé, Sénat, avril 2003

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