Asthme : des médicaments efficaces mais… peu et mal utilisés

21 mai 2004

Personne n’oublie son cachet d’aspirine quand il a mal au crâne. Mais s’astreindre à prendre ses médicaments entre deux crises d’asthme, quand on ne souffre pas, ce n’est pas évident ! Et c’est dommage, car en 30 ans les traitements ont fait de gros progrès.

Une étude de l’Assurance maladie révèle que si 4,5 millions de Français se voient prescrire des traitements anti-asthmatiques, plus de la moitié d’entre eux (soit 2,3 millions de patients) n’ont acheté qu’une seule boîte de médicament dans l’année. Le Dr Gérard Pfeiffer, pneumologue au CHR de Metz-Bonsecours, constate lui, que ” les asthmatiques se soignent souvent mal, arrêtent fréquemment leur traitement de fond et ne savent pas bien utiliser leur spray ou leur dispositif de poudre… On sait globalement qu’un sur deux ne suit pas son traitement “. Des informations concordantes, donc…

C’est considérable et… désolant. Car un asthmatique qui ne suit pas scrupuleusement son traitement ne contrôle pas correctement sa maladie. Il aura des crises plus fréquentes, une moins bonne qualité de vie et sera contraint de rendre visite à son médecin plus souvent.

Les raisons de cette mauvaise observance sont multiples. D’abord trop souvent, les asthmatiques minimisent la sévérité de leur maladie. Ils n’ont pas conscience que l’asthme est une affection grave, qu’il faut contrôler en permanence au moyen d’un traitement, y compris entre les crises et pour prévenir la survenue de celles-ci. Et ils ont tort, car cette maladie provoque toujours près de 2 000 morts chaque année dans notre pays. C’est seulement moitié moins qu’aux Etats-Unis, où les asthmatiques sont pourtant 6 fois plus nombreux qu’en France !

Il faut bien reconnaître que s’astreindre à un traitement médical quotidien, c’est difficile, surtout quand on sait que 40% des asthmatiques ont moins de 14 ans ! Enfin pour adhérer au traitement il est indispensable de bien le comprendre. Pas simple quand on utilise des sprays, des poudres, des chambres d’inhalation… bien plus compliqués à utiliser qu’une simple prise de comprimés.

L’essentiel dans la prise en charge de l’asthme, c’est la lutte contre l’inflammation bronchique. Or l’inflammation repose sur l’intervention de différents médiateurs chimiques qui peuvent être attaqués par plusieurs types de médicaments.

Le traitement standard par corticoïdes inhalés (CI) est efficace; la prise par inhalation minore leurs effets secondaires bien connus, à condition toutefois de s’en tenir aux doses minimales. Mais il ne cible pas complètement tous les médiateurs de l’inflammation des patients asthmatiques, et bien souvent, ne permet pas seul, de juguler l’inflammation.

Heureusement, il est possible aujourd’hui d’agir sur une autre voie de l’inflammation inaccessible aux corticoïdes, en leur associant des médicaments complémentaires. Des études ont montré que l’association des anti-leucotriènes aux corticoïdes permet de réduire l’inflammation bronchique de façon simple et facile puisqu’il s’agit de comprimés à croquer, tout en gagnant en qualité de vie et en observance. Et d’améliorer le contrôle de l’asthme sans augmenter les doses de corticoïde, voire en les diminuant : qui dit mieux ?

Asthmatiques : n’oubliez pas votre maladie entre deux crises ! Au contraire, c’est là qu’il faut y penser… afin que celles-ci ne soient plus qu’un mauvais souvenir.

  • Source : La Revue du Praticien - MG - T 17 N°632 - 24/11/2003

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