Asthme du jeune enfant : corticoïdes or not corticoïdes ?

16 mars 2004

Faut-il donner des comprimés de cortisone à des moins de 5 ans qui ont des symptômes légers d’asthme ? Pas si sûr, selon une étude publiée dans le Lancet. D’autant que l’asthme ” pré-scolaire “, souvent déclenché par un rhume banal, guérit parfois spontanément passé 6 ans.

C’est pour faire comme les grands que les tout-petits reçoivent de la cortisone. Chez les adultes, elle est très efficace pour couper la racine du mal – l’inflammation des bronches – et éviter l’aggravation de la maladie, au prix d’effets secondaires bien connus.

Mais chez le jeune enfant, on ne dispose d’aucune preuve de l’intérêt de la cortisone. Pire, il semblerait qu’elle n’apporte rien. L’étude publiée par le Lancet a comparé deux groupes d’enfants admis à l’hôpital pour une respiration sifflante, si caractéristique de l’asthme. A l’un des groupes, il a été prescrit un comprimé de cortisone en cas de crise, à l’autre le même comprimé sans produit. Un placebo, donc… Six semaines plus tard, un point était fait : aucune différence n’est apparue entre les deux groupes.

Est-ce à dire que les jeunes enfants ne doivent plus prendre de corticoïdes ? Les auteurs sont plus nuancés : si bénéfice il y a, il leur semble bien ” subtil ” et trop ” peu clair ” en tous cas ” pour compenser les risques potentiels ” bien connus de la cortisone. Toutefois, on ne peut tirer de conclusion définitive d’une seule étude… Celle-ci a au moins le mérite de poser la question… en attendant de la trancher grâce à de nouveaux travaux. Un point positif à noter : c’est grâce à des recherches de ce type que la connaissance des mécanismes de l’inflammation bronchique progresse. Ses médiateurs sont de mieux en mieux connus, et les traitements s’améliorent.

Par exemple, on sait maintenant que l’inflammation bronchique, repose sur l’intervention de différents médiateurs chimiques combattus par plusieurs types de médicaments complémentaires, tels que les corticoïdes et les anti-leucotriènes. Ces derniers permettent de lutter contre l’autre ” tête ” de l’inflammation, les leucotriènes qui sont inaccessibles aux corticoïdes. Leur association avec des corticoïdes, en ciblant des voies différentes et complémentaires, permet ainsi de terrasser l’inflammation des bronches.

  • Source : Efficacy of a short course of parent-initiated oral prednisolone for viral wheeze in children aged 1-5 years : randomised controlled trial Oommen A., Lambert PC, Grigg J Lancet 2003 Nov 1 ; 362(9394)

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