Asthme et qualité de vie : des mots qui ne sont pas incompatibles

21 octobre 2003

« Etre asthmatique, c’est vivre avec l’angoisse d’une crise. Cette inquiétude est plus pénible que la crise. Alors guérir ce n’est pas seulement ne plus avoir de crises d’asthme, c’est aussi oublier jusqu’à la possibilité qu’elles surviennent. »

Comme l’explique le Dr Jean-Claude Pujet, pneumologue au Centre de traitement des affections médicales respiratoires de Paris, le challenge auquel s’attaquent aujourd’hui les médecins, c’est de faire oublier l’asthme et ses angoisses. Pas si simple mais faisable, comme en témoigne Marie-Dominique Le Borgne, présidente d’une association de patients dans l’Indre-et-Loire. Depuis 30 ans, elle cohabite avec son asthme : « la première chose à faire, c’est d’être observant. Car si on ne suit pas le traitement on a des problèmes respiratoires, des essoufflements, des crises d’asthme. »

Quand on le suit aussi, d’ailleurs… Les corticoïdes inhalés, seuls, ne suffisent pas toujours à contrôler l’inflammation des bronches, à l’origine de la maladie asthmatique. Le malade continue alors d’en subir les signes : essoufflement, toux, réveils nocturnes, sifflements, gêne respiratoire… autant d’indices qui trahissent un mauvais contrôle de l’inflammation et de l’asthme. Et 14% à 41% des malades traités en souffrent. Même lorsqu’ils se croient bien contrôlés.

Se résigner ? Pas question !
En fait, le traitement est le seul moyen d’avoir la vie la plus normale possible. Comme le dit Marie-Dominique Le Borgne « ne pas avoir trop de barrières par rapport au quotidien qu’on avait avant la maladie, ne pas avoir trop de limites dans sa vie de tous les jours, c’est l’objectif que l’on poursuit. C’est très difficile pour une personne quand elle doit porter des paquets. C’est à ce moment là qu’on sent les problèmes que pose la maladie. »

La prise en charge médicale permet aujourd’hui, « de vivre quasiment normalement avec son asthme. Ce ne doit plus être un handicap, comme c’est encore trop souvent le cas pour certains patients. » D’autant qu’il existe aujourd’hui des médicaments qui bloquent des mécanismes de l’inflammation bronchique inaccessibles aux corticoïdes: les antileucotriènes. Ils permettent de réduire les doses de corticoïdes… ou de ne pas les augmenter si le contrôle de la maladie est insuffisant. Alors le malade est libéré.

D’après une étude réalisée en Belgique en 2001 sur plus de 9 000 patients asthmatiques mal contrôlés sous traitement de fond par corticoïdes inhalés, l’association d’un antileucotriène a permis de réduire les troubles du sommeil, la consommation de médicaments liée à la crise et la limitation des activités quotidiennes dans 80% des cas.

Le vrai problème, c’est d’apprivoiser son asthme. D’avoir en quelque sorte avec lui, la même relation que les Japonais ont eue avec leur faible taille. Grâce à l’invention du judo, loin de la vivre comme un handicap ils en ont fait une force ! De même bien des asthmatiques, qui ont fait du sport étant enfants pour améliorer leur capacité respiratoire, sont devenus par la suite des sportifs de haut niveau. Dans l’asthme comme au judo… tout est affaire de maîtrise.

Pour Marie-Dominique Le Borgne, « il faut faire l’apprentissage de sa maladie. Apprendre à identifier soi-même des signes avant-coureurs de crise, c’est déjà faire une sorte de prévention. C’est acquérir une certaine maîtrise de sa maladie. Il ne faut pas se résigner à être malade, mais l’accepter. Ça, c’est fondamental. En étant bien observant, en prenant quelques précautions élémentaires, on peut retrouver une vraie qualité de vie. »

  • Source : NEJM 2001, 345 (13) : 941 ; Le Concours Médical du 19/03/2003; Curr Med Res Opin 2002; 18 : 512-9

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