Asthme : faut-il avoir peur des corticoïdes ?

14 août 2003

Puissants anti-inflammatoires, les dérivés de la cortisone – appelés aussi corticoïdes – ont beaucoup d’autres effets. Normal, ils proviennent d’hormones naturelles impliquées dans de nombreux processus vitaux.

A fortes doses, leur utilisation au long cours présente des risques multiples : en comprimés, en injections ou même lorsqu’ils sont inhalés car alors, environ 30% du produit passe dans le sang. Le plus connu est celui d’une déminéralisation osseuse, qui peut provoquer une ostéoporose : une femme qui a absorbé quotidiennement 1,2 mg/jour de corticoïdes entre 30 et 50 ans voit ainsi son risque de fracture du col fémoral à 65 ans multiplié par plus de deux ! Autre risque très médiatisé dans les années 70 par la maladie du Président Georges Pompidou, la rétention d’eau. Ajoutons à cela que les corticoïdes inhibent la croissance, qu’ils sont responsables de glaucomes ou de cataractes, qu’ils interviennent dans le métabolisme des graisses, des sucres… et même sur le psychisme !

Associés à certains antibiotiques, ils peuvent aussi provoquer des accidents graves comme la rupture du tendon d’Achille. Si leur impact sur la croissance de l’enfant et l’adolescent est controversé, il ne peut toutefois être exclu. Ils peuvent également ralentir la croissance chez l’enfant et l’adolescent, et provoquer des effets secondaires directement liés à l’inhalation : une voix plus rauque, une gêne au niveau du pharynx, des mycoses buccales… D’où l’importance d’utiliser correctement son inhalateur et de bien se rincer la bouche et la gorge après chaque inhalation ! N’oublions pas enfin, les inconvénients de ce genre de traitement pour la peau qui s’amincit, devient plus fragile et présente des réactions de photosensibilisation en cas d’exposition au soleil…

Alors certes, la cortisone est un grand médicament dont nous ne pourrions sans doute pas nous passer ! Il est vrai aussi que ses conditions d’utilisation ont une grande importance. Chez l’asthmatique où ces produits sont surtout inhalés, l’absorption est moindre. Mais elle atteint tout de même 30%, c’est pourquoi les médecins recherchent toujours à utiliser la plus faible dose efficace possible. Sans oublier qu’à partir d’un certain point, l’augmentation des doses n’améliore plus les symptômes de la maladie… tout en augmentant les effets secondaires du traitement.

Il existe cependant d’autres moyens de combattre l’inflammation des bronches. De nouveaux médicaments, apparus voici quelques années, bloquent efficacement l’autre voie de l’inflammation, hors de portée des corticoïdes : ce sont les antileucotriènes, qui permettent de réduire les doses de corticoïdes… ou de ne pas les augmenter si le contrôle de la maladie est insuffisant. Ce qui est fréquent : essoufflement, crises de toux nocturnes, sifflements, gêne respiratoire… ces signes d’un mauvais contrôle de l’asthme affecteraient entre 14% et 41% des malades traités. Même lorsqu’ils se croient bien contrôlés.

  • Source : NEJM 2001, 345 (13) : 941 ; Revue française d’allergologie et d’immunologie clinique 2001 ; 41 ; 609-14 ; Panorama du Médecin N°4879 – 13/02/03 ; La Revue du Praticien - Tome 53 - 01/03/03 – Page 499

Aller à la barre d’outils