Asthme : quand le traitement se voit sur la peau

09 juillet 2003

Des bleus sans raison, une peau qui s’amincit, une acné à 50 ans… asthmatiques, ne cherchez pas ! Le coupable est sûrement le traitement aux corticoïdes. Des effets indésirables certes peu graves – hormis l’esthétique – mais qui doivent toutefois vous alerter.

Marie-Dominique Le Borgne, présidente d’Asthme et Allergies dans l’Indre et Loire, sait qu’elle doit la vie aux corticoïdes. Mais elle connaît aussi leurs effets secondaires : « À fortes doses apparaissent parfois des éruptions cutanées très gênantes. Pas facile d’avoir à 50 ans une magnifique acné, même si elle régresse à l’arrêt du traitement ». D’autant plus difficile que dans ces circonstances, l’acné, provoquée par les corticoïdes n’est pas le témoignage d’une adolescence épanouïe !

Les corticoïdes agissent aussi sur le collagène, un composant essentiel de la peau comme de l’os. Au niveau de l’os, ces médicaments entraînent une perte osseuse avec réduction de la densité minérale osseuse, proportionnelle à la dose et à la durée du traitement. Le risque principal étant les fractures d’origine ostéoporotique, en particulier chez la femme au moment de la ménopause.

Fort heureusement, les effets négatifs sur la peau sont nettement moins graves et, de plus, réversibles. Mais ils sont tout de même bien gênants : la peau risque de s’amincir et de supporter moins bien le soleil. Sans parler de l’apparition d’hématomes spontanés qui ne sont pas du plus bel effet, d’autant qu’ils ont une fâcheuse tendance à envahir les membres supérieurs obligeant à porter des manches longues… même en plein été !

Ces troubles de la peau traduisent un effet délétère des corticoïdes : ils doivent alerter l’asthmatique. Il faut en parler avec son médecin afin d’envisager, avec lui, s’il est possible de diminuer les doses. La plupart des actions néfastes de ces médicaments irremplaçables (retard de croissance, atteinte du système endocrinien, risque de glaucome…) dépendent en effet de la quantité absorbée. Elle peut être diminuée en particulier grâce à l’action d’autres médicaments agissant également sur l’inflammation, mais par d’autres voies : les anti-leucotriènes.

Tous les spécialistes s’accordent aujourd’hui pour préconiser l’utilisation de la dose minimale efficace de corticoïdes, qu’ils soient pris en comprimés comme en inhalation. Car même ainsi, lorsqu’ils sont déposés directement dans les poumons, les corticoïdes arrivent à passer dans la circulation sanguine. Et c’est votre peau qui tirera le signal d’alarme.

  • Source : Arch Intern Med, vol 159, 1999, 941-955

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