Asthme : traiter le nez pour soigner les bronches

19 avril 2005

Les spécialistes veulent attaquer l’asthme… par le nez ! Est-ce si surprenant ? Pour le Pr Frédéric de Blay à Strasbourg, le nez est “la partie des bronches qu’il est possible de toucher avec son doigt !” Une image pour le moins parlante.

Les enquêtes épidémiologiques l’affirment : 50% des personnes souffrant de rhinite ont également de l’asthme. Et 80% des asthmatiques ont une rhinite allergique associée. Toutes les études prouvent aussi qu’en traitant le nez, la situation s’améliore pour les bronches…

Il existe une continuité entre le nez et les bronches” précise Frédéric de Blay. Chef du service de pneumologie au CHU de Strasbourg, il souligne que tous deux “ont quasiment la même structure. Et les facteurs déclenchants de la rhinite et de l’asthme sont les mêmes.” Certains médiateurs chimiques de l’inflammation sont également communs : “l’histamine et les leucotriènes pour le nez, et pour les bronches principalement les cytokines et aussi, les leucotriènes.

Il est capital de maîtriser l’inflammation. C’est le seul moyen de réduire les symptômes. Au rayon des médicaments, “les corticoïdes traitent bien le nez et les bronches” reconnaît Frédéric de Blay. “Mais attention, il ne faut pas oublier de diminuer les doses.” Comme pour tout médicament, la balance bénéfice/risque doit être soigneusement pesée. “A long terme, les corticoïdes inhalés n’ont pas d’impact sur la taille de l’enfant. A condition de ne donner que la dose minimum efficace. À l’inverse, un enfant asthmatique qui ne se traite pas correctement risque de ne pas pouvoir pratiquer de sport… ce qui évidemment va nuire à sa croissance !

Vite, un nouveau plan asthme !

L’asthme est une maladie qui touche des sujets jeunes, encore plus rétifs à suivre régulièrement un traitement médicamenteux. De plus “la prise de médicaments en inhalation n’est pas toujours facile, d’où l’importance de l’éducation du patient.” Ou d’avoir recours à d’autres médicaments. En effet “il existe un autre traitement qui complète les corticoïdes, et qui agit contre les médiateurs de l’inflammation communs à l’asthme et à la rhinite. Il s’agit des anti-leucotriènes.” Faciles à prendre – ce sont des comprimés, tout simplement – ils permettent d’améliorer le contrôle de l’asthme comme de la rhinite.

La France est l’un des rares pays à disposer d’un plan de lutte contre l’asthme. Il a permis des progrès notables dans la prise en charge de la maladie. Lancé par Bernard Kouchner en 2002, il arrive à échéance. “Un second plan asthme est nécessaire” estime le Pr de Blay. “Il faut agir sur plusieurs fronts. Mieux prendre en charge les urgences dans l’asthme. Un gros travail d’éducation du patient asthmatique est nécessaire, en suivant les recommandations de l’ANAES. Enfin, il est important d’agir sur l’environnement intérieur et professionnel pour diminuer la sévérité de la maladie.

Ce plan n°2, que les spécialistes appellent de leurs voeux, devra aussi répondre aux défis de santé publique posés par cette maladie dont souffrent près de 3,5 millions de Français. Une maladie qui a des coûts socio-économiques considérables -1,2 milliards d’euros par an !- et qui tue encore chaque année 2 000 de nos concitoyens.

  • Source : 60 millions de Consommateurs, n°393, avril 2005, 3,95 euros

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