Astronautes : l’anémie spatiale enfin expliquée
31 janvier 2022
Comment expliquer que les astronautes présentent toujours une anémie, c’est-à-dire une carence en hémoglobine, à leur retour sur terre ? Des chercheurs canadiens ont découvert un phénomène surprenant dans l’organisme de ces visiteurs de l’espace.
Aller dans l’espace n’est pas encore donné à tout le monde. Et les conséquences sur l’organisme d’un tel séjour ne sont pas anodines. Parmi elles, les astronautes subissent fréquemment une anémie dite spatiale à leur retour sur terre. Il s’agit d’un taux anormalement bas d’hémoglobine dans le sang. Cette substance, présente dans les globules rouges du sang, leur permet de transporter l’oxygène vers tous les organes du corps. Mais les médecins n’en savaient pas davantage jusqu’ici. Désormais, sans pour autant savoir pourquoi, des chercheurs ont découvert ce qui conduisait à cette anémie : la destruction de beaucoup plus de globules rouges par l’organisme que sur terre.
« Sur terre, nos corps fabriquent et détruisent 2 millions de globules rouges chaque seconde », explique l’auteur de ce travail, le Dr Trudel de l’Université d’Ottawa au Canada. « Nous avons découvert via notre étude que les astronautes eux en détruisaient 54% de plus durant les 6 mois passés dans l’espace, soit 3 millions par seconde ! »
Un retour à la normale après 3 ou 4 mois sur Terre
Pour l’observer son équipe a mesuré l’infime quantité de monoxyde de carbone dans le souffle des astronautes. A chaque molécule de monoxyde de carbone produite, une molécule d’hème, le pigment rouge des globules rouges est détruit. Bien qu’ils n’aient pas mesuré directement la production de globules rouges, les chercheurs supposent que les astronautes en produisaient davantage pour compenser la destruction plus importante. Dans le cas contraire, ils auraient présenté une anémie sévère dans l’espace et donc des problèmes de santé majeurs. Or ce n’est pas le cas.
Les effets de l’anémie se font toutefois ressentir dès le retour sur Terre, car le corps a alors besoin de fournir plus d’effort en raison de la gravité. Heureusement l’anémie se résorbe toute seule au terme de 3 ou 4 mois. Mais sans surprise, plus le séjour dans l’espace est long, plus l’anémie est sévère. Ce qui pourrait impacter les missions longues à venir comme les voyages vers la lune ou vers Mars. D’autant que les scientifiques n’ont pas pu déterminer combien de temps le corps humain serait capable supporter ce taux de destruction de globules rouges sans séquelles graves.
Vers un traitement de l’anémie sur Terre ?
Ces découvertes sont donc intéressantes pour préparer les prochains voyages dans l’espace, mais pas seulement. Devoir garder le lit pendant longtemps, en raison d’une maladie ou d’un accident par exemple, peut causer une anémie. La cause en est encore inconnue, mais le Dr Trudel avance l’hypothèse que le mécanisme pourrait être similaire à celui de l’anémie spatiale. « Si nous pouvions déterminer la cause précise de ce mal, nous pourrions développer un traitement ou une méthode efficace de prévention pour les astronautes comme pour les patients ici sur terre », espère le Dr Tudel. A suivre.
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Source : The Ottawa Hospital, 14 janvier 2022
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet