Au bloc opératoire : voyage en 3D dans l’anatomie

19 février 2016

Son nom : O-arm®. Son pouvoir : diffuser en temps réel une image 3D et dynamique de ce qui se passe dans l’organisme du patient pendant une opération. Visibilité et sécurité accrues pour le chirurgien, douleurs et durée d’hospitalisation réduites pour le patient, les avantages sont multiples. Reportage au CHU de Nantes.

Blouses bleues, pyjamas verts, lino blanc et longs couloirs entrecoupés de portes battantes : le calme règne ce vendredi 19 février dans le bloc chirurgical du CHU de Nantes. Aujourd’hui nous avons rendez-vous dans l’une des 22 salles opératoires avec O-arm®. Un dispositif d’imagerie utilisé depuis 4 mois dans les services de chirurgie orthopédique, neurologique et traumatologique de l’hôpital nantais. Cette machine permet la visualisation en temps réel et en 3D de l’intérieur de l’organisme du patient opéré. Mais aussi des instruments, des vis, des implants et des prothèses utilisés au cours de l’intervention.

Pour limiter le risque infectieux, la démonstration se déroule sur un mannequin. Parés de blouse, masque, charlotte et chaussures de protection, le chirurgien et l’instrumentiste évoluent dans un environnement stérile. Voici O-arm®, une armature circulaire faisant le tour de la table opératoire. Un peu comme une IRM que l’on aurait sectionnée pour n’en garder qu’un tronçon.

La simulation de A à Z

Allongé sur le ventre, le patient fictif va se faire opérer de la colonne vertébrale. Première étape, après l’anesthésie, les clichés dorsaux et deux radios (face et profil) sont effectués par l’O-arm®. Un petit outil ressemblant à une mâchoire (le référentiel) est ensuite fixé au niveau de la zone à opérer. Munis de diode, ce dernier va transmettre à la caméra la position du patient pendant l’intervention. La troisième étape est celle du scanner. Pour limiter l’irradiation, tout le personnel sort de la salle d’opération. La prise des clichés est actionnée par le chirurgien à l’aide d’une pédale située derrière la porte coulissante. Seules 13 secondes suffisent au dispositif O-arm® pour effectuer le scanner.

Une dynamique vue de l’intérieur

Retour en salle, les images enregistrées par le scanner sont projetées sur écran en 3D. Une fois l’incision (fictive) effectuée, le chirurgien manipule en regardant sur l’écran ce qui se passe en temps réel dans l’organisme. La localisation et le repérage sont facilités. Pour le chirurgien, il est beaucoup plus aisé de se frayer un passage entre les nerfs, les vertèbres et la moelle épinière. Voire à l’avant de la colonne vertébrale alors que l’incision est réalisée dans le dos. Autre point, sur l’écran, un faisceau lumineux prolonge la pointe de l’instrument pour indiquer au chirurgien sa trajectoire précise.

En plus de conforter le geste, cette méthode mise au point aux Etats-Unis et initiée en France dans les années 2000 est un véritable gage de sécurité. « Certaines interventions jusqu’ici complexes voire impraticables sont aujourd’hui réalisables grâce au dispositif O-arm® », précise le Dr Joël Delecrin, chirurgien orthopédique au CHU de Nantes.  La zone d’incision est plus petite. Pour le patient, cette finesse de la pratique réduit les saignements ainsi que les traumatismes musculaires et cutanés. Résultat, la durée d’hospitalisation est réduite, les suites post-opératoires moins douloureuses.

Et l’avenir ?

A ce jour, 8 établissements sont dotés de l’O-arm® en France. Dans le Grand Ouest, seul le CHU de Nantes est équipé de la dernière version de cette machine. Dans ce centre de référence dans la prise en charge de la scoliose, l’O-arm® est surtout utilisé en chirurgie orthopédique.

Sur les courts et moyens termes, l’O-arm® sera déployé en neurochirurgie. En particulier « au service de la stimulation cérébrale profonde », nous explique le Dr Eric Bord, chef du service de neurochirurgie-neurotraumatologie au CHU de Nantes. « Soit la pose d’électrodes intracrâniennes sur des zones du cerveau fragilisées, pour favoriser le contrôle de mécanismes cérébraux endommagés, chez des patients atteints de la maladie de Parkinson par exemple  ».

Ce dispositif pourrait aussi servir lors d’opérations du bassin (tumeurs, fractures). A terme, l’équipe du CHU de Nantes prévoit de pratiquer 500 interventions à l’aide d’O-arm® chaque année. Adaptée pour former les jeunes chirurgiens, « l’imagerie 3D dynamique va rapidement devenir un incontournable en salles d’opération », assure le Dr Delecrin.

  • Source : CHU de Nantes, le 19 février 2016

  • Ecrit par : Laura Bourgault : Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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