











Coorganisatrice du congrès avec l’ONG sud-africaine Dira Sengwe, l’International AIDS Society (IAS) rassemble plus de 13 000 acteurs de la lutte contre le VIH dans 188 pays. Elle est la principale organisation indépendante de professionnels du SIDA… et pèse d’un poids éminent dans la prise en compte de la pandémie comme priorité mondiale. Dira Sengwe pour sa part, a marqué l’émergence en Afrique du Sud, d’un courant de conscience qui a permis au pays de sortir du déni où il était enfermé durant les dernières années du siècle précédent.
En dépit des progrès indéniables enregistrés depuis une dizaine d’années, la situation sur le front du VIH/SIDA est loin d’être rassurante. Certes l’introduction des antirétroviraux à haute efficacité (HAART) a permis que l’on puisse considérer l’infection à VIH comme une maladie chronique, et non plus comme un arrêt de mort à court terme. Aujourd’hui encore des progrès remarquables sont enregistrés : l’introduction du premier inhibiteur de l’intégrase permet de contrôler encore mieux la prolifération du VIH. Avec la transcriptase inverse et la protéase, l’intégrase est en effet le 3ème enzyme indispensable au VIH pour se reproduire dans l’organisme. Deux géants de la pharmacie -Pfizer et GSK- s’associent pour constituer une structure indépendante qui a vocation à devenir le leader mondial du traitement contre le VIH/SIDA. Au Canada enfin, une équipe associant des chercheurs de Floride ouvre de nouvelles perspectives pour atteindre le virus dans ses « réservoirs ». Là où il va se nicher à l’abri des antirétroviraux. Une chimiothérapie ciblée – comme celles utilisées contre certains cancers – permettrait de détruire les cellules-refuge du virus… et donc le virus lui-même qui ne peut subsister sans cet abri…
Une vigilance insuffisante, et des inégalités insupportables
Si efficaces soient-ils, les traitements actuels sont très imparfaits. Les protocoles sont encore très lourds, générateurs de troubles iatrogènes… et l’accès aux soins très inégal d’un pays à l’autre ou d’une classe sociale à l’autre dans bien des pays, même hautement développés. Dans les pays privilégiés de surcroît, l’efficacité même de ces traitements provoque un relâchement des comportements de prévention. Les impératifs du safe sex sont de moins en moins respectés par les jeunes, et les avantages de la circoncision masculine parfois surinvestis…
Sur le front des traitements enfin les progrès sont sensibles… mais très en-deçà des besoins réels : En Afrique du Sud par exemple le nombre de malades qui ont accès aux HAART a été multiplié par 11 entre 2004 et 2008. Mais seuls 550 000 malades en bénéficient… pour 5,2 millions de personnes infectées. Inégalité aussi sur le front de la prévalence de l’infection. Celle-ci va de 0,1% en Extrême-orient (ce que les statistiques internationales nomment l’Asie de l’Est…) à 5% en Afrique en passant par 0 ,3% (Europe occidentale et Europe centrale), 0,8% (Europe de l’Est) et 1,1% dans les Caraïbes. Prévalence moyenne : 0,8% selon le dernier rapport de l’ONUSIDA.
Les challenges sont nombreux. Coordination des soins et prévention, lutte contre les inégalités et stigmatisation, prévention de la transmission de la mère à l’enfant… Les participants au congrès du Cap devront aussi, prendre en compte le fait que si le VIH tue de moins en moins, la tuberculose est un péril montant pour ces malades. Celle-ci en effet, « est la principale cause de maladie et de mortalité parmi les personnes vivant avec le VIH en Afrique », soulignait Alastair Reid (ONUSIDA) devant la 8ème conférence internationale sur le SIDA et les infections sexuellement transmissibles (ICASA) de Dakar (Sénégal). C’était en décembre dernier. La réalité est toujours là…
Source : Université Mc Gill et Université de Montréal, 21 juin 2009 ; Human Sciences Research Council (Afrique du Sud), juin 2009 ; ONUSIDA, juillet 2009 ; IAS, 3 juillet 2009 ; de nos envoyés spéciaux à la 5ème conférence de l’IAS, Le Cap, 19-22 juillet 2009