Aurons-nous toujours les moyens de régler l’addition du Cancer ?

04 juin 2007

Avec 25 000 participants, le 43ème congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) à Chicago, a parfois des ambiances de cathédrale. Mais les propos tenus n’y ont pas toujours l’onction ecclésiastique.

On y évoque en effet beaucoup les sujets qui fâchent, lesquels relèvent fréquemment des questions d’argent… Plus efficaces car ciblant mieux les cellules malades, moins toxiques et mieux tolérés, les traitements modernes des cancers peuvent coûter plusieurs dizaines de milliers d’euros par an… et bien sûr par malade ! Même s’ils sont le fait de la recherche et des technologies mises en oeuvre – bio-médicaments et génomique – ces prix font parfois douter de la viabilité économique des systèmes de financement.

Ces thérapeutiques ne représenteraient pourtant, d’après le responsable de la Division « Oncologie » du groupe Roche David Loew, « pas plus de 10% à 20% du total des dépenses de soins liées aux cancers. Le reste est à mettre au compte de la chirurgie et de la radiothérapie. » Par ailleurs, alors que les cancers représentent « 17% du fardeau total (lié aux maladies), leurs traitements n’absorbent que 7% des ressources consacrées à la santé ».

La représentante britannique d’une association de patients n’en fait pas moins observer que dans son pays, « chacun n’a pas accès aux médicaments les plus innovants. Ils ne sont pas pris en charge et seuls ceux qui ont de l’argent peuvent bénéficier des meilleurs traitements ». Au plan de la recherche, les responsables de l’ASCO eux-mêmes soulignent que « le budget fédéral (américain) consacré à la recherche contre les cancers baisse année après année depuis maintenant 4 ans. » Du coup, les congressistes réclament une hausse de 7% du budget 2008 des Instituts nationaux de la Santé américains (NIH) !

La France pour un peu, fait pratiquement figure « d’exception vertueuse »… L’entrée en opérations du « Plan Cancer » et de l’Institut national du Cancer (InCA) traduisent une mobilisation en profondeur. « Les réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP) rendues obligatoires par le Plan se sont généralisées » nous confie le Pr Olivier Rixe, cancérologue au CHU Pitié-Salpétrière de Paris. « L’accès aux soins, aux essais thérapeutiques et donc à l’innovation est ainsi égal pour tous. C’est un progrès considérable ».

Mais d’aucuns craignent des lendemains qui déchantent. « Nous n’avons plus de médecins, nous avons aujourd’hui un nombre insuffisant de professionnels en formation dont nous savons par ailleurs que beaucoup (pour des raisons familiales ou autres) n’iront pas au bout de leur carrière. Et il y a aussi, ceux qui s’en vont… » poursuit Olivier Rixe. Des départs qui se font le plus souvent Outre-Atlantique, où les conditions de travail et de recherche sont autrement attrayantes qu’en France. Un état de fait qui tiendrait à l’existence d’un déséquilibre considérable dans le statut de la recherche, d’une rive à l’autre de l’Atlantique. Or ce déséquilibre, malgré les coupes budgétaires dénoncées par les Américains, ne semble pas près de se réduire.

  • Source : de nos envoyés spéciaux à Chicago, American Society of Clinical Oncology, 1-5 juin 2007

Destination Santé
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