Automédication : 10 règles essentielles

23 novembre 2012

Un doliprane® pour lutter contre un mal de tête passager ou un nausicalm® contre le mal des transports. De nombreuses molécules sont disponibles sans ordonnance. Or, un médicament quel qu’il soit, n’est pas un produit comme un autre. Par conséquent, toute automédication doit faire l’objet de certaines précautions de la part du patient. Le Pr Jean-Paul Giroud, membre de l’Académie nationale de médecine et spécialiste en pharmacologie clinique, développe pour nous 10 règles à retenir.

Ne prenez pas de risques inutiles. « Tout médicament, avec ou sans ordonnance, peut entraîner des incidents, voire des accidents », rappelle le Pr Giroud. Réaction allergique, baisse brutale de la tension artérielle, altération de la fonction rénale ou hépatique… Pour réduire ces risques dus à la prise de certaines substances, ayez recours à l’automédication le moins souvent possible ;

Pratiquez une automédication simple, raisonnée, limitée dans le temps. Par simple, comprenez qu’il est préférable de choisir un médicament composé d’une seule substance active. Prendre de votre propre initiative un médicament « complexe », cela vous expose à un risque plus élevé d’accident. En outre, limitez la prise à 5 jours maximum. Vous réduirez les risques. Seules exceptions peut-être, « les cas particuliers comme le traitement d’une fatigue qui peut justifier 15 jours d’automédication », souligne Jean-Paul Giroud. Dans tous les cas, si vos symptômes persistent ou s’aggravent, consultez un médecin ;

– Quel que soit le traitement choisi, suivez à la lettre les conseils du pharmacien, ou à défaut ceux de la notice Pour cette dernière reportez-vous notamment aux paragraphes concernant la posologie, les contre-indications et les éventuelles mises en garde ;

Enceinte ou allaitante, parents de jeunes enfants, abstenez-vous ! Ce conseil est également valable pour les parents de nourrissons et de jeunes enfants, qui pourraient être tentés de leur administrer un de ces produits. Peu de médicaments en effet, sont proposés sous une forme pédiatrique. Pour les personnes âgées, la plus grande prudence est de rigueur. En effet, « leur fonction de transformation et d’élimination est ralentie, ce qui les expose à un risque plus important de surcharge de substance active », poursuit le Pr Giroud. De plus, cette population qui prend déjà en moyenne entre 4 et 7 médicaments par jour, est exposée à un risque accru d’interaction médicamenteuse. « Si vraiment un patient âgé décide de prendre un médicament sans ordonnance, je lui conseille de commencer par des demi-doses », recommande-t-il ;

Informez toujours votre médecin des médicaments que vous prenez en automédication. Mais aussi de ceux qui vous sont prescrits par d’autres médecins. Faites donc une liste de ces médicaments pour être en mesure d’indiquer leur nom exact à votre praticien. Surtout si celui-ci a l’intention de vous prescrire un nouveau traitement ;

Evitez de prendre des médicaments en automédication, si vous suivez déjà un traitement sur ordonnance. Cela ne ferait qu’augmenter le risque d’interaction médicamenteuse. Un exemple : prendre de l’aspirine lorsque l’on est sous anticoagulant peut ainsi provoquer une grave hémorragie interne ;

Evitez l’alcool. « Ou en tout cas, demandez l’avis de votre médecin ou de votre pharmacien avant d’en consommer. Certaines substances interfèrent avec les boissons alcoolisées », indique Jean-Paul Giroud. Elles peuvent réduire l’effet du médicament, le rendant ainsi inutile, ou encore l’accroître, le rendant alors potentiellement dangereux. « L’autre risque est l’apparition d’un effet antabuse. Il se manifeste par des rougeurs, une hypotension plus ou moins importante », précise-t-il.

Ne prenez jamais le médicament d’une autre personne. Si un médicament s’est révélé efficace pour votre meilleur ami, cela ne signifie pas pour autant qu’il vous conviendra. Il peut même s’avérer dangereux ou inutile pour vous. N’hésitez pas à demander conseil à votre pharmacien ;

Conservez vos médicaments avec soin. Avec ou sans ordonnance, les médicaments doivent être conservés au sec, à l’abri de la lumière et de l’humidité. Evitez donc de les ranger dans votre cuisine ou votre salle de bains. Installez plutôt votre armoire ou votre boîte à pharmacie dans une autre pièce de la maison. Assurez-vous qu’elle est fermée à clef et hors de portée des enfants. Enfin, divisez-la en deux parties : une réservée aux médicaments d’automédication, l’autre pour ceux délivrés sur ordonnance ;

Ne jetez jamais vos médicaments Bien sûr, ils ne sont pas éternels. Chaque boîte porte d’ailleurs une date de péremption. Et il est essentiel de la respecter scrupuleusement. Pour autant, ne les jetez jamais aux ordures ménagères ou dans les toilettes. Vous provoqueriez une pollution de l’environnement. Certaines substances comme les hormones, les antibiotiques ou les antidépresseurs, continuent d’agir longtemps et peuvent entraîner des modifications de la flore et de la faune. Ramenez plutôt les blisters et les boîtes des traitements non utilisés à la pharmacie. « Vous éviterez ainsi de les utiliser plus tard par erreur », recommande le Pr Giroud.

  • Source : Interview du Pr Jean-Paul Giroud, membre de l’Académie nationale de médecine, spécialiste en pharmacologie clinique, 9 novembre 2012

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