Aux Caraïbes, le VIH ne prend pas de vacances

Dans les Caraïbes, les relations sexuelles non-protégées constituent le vecteur de transmission par excellence du virus du SIDA. Mais le déni de la maladie chez les prostitués de sexe masculin représente, à lui seul, un risque redoutable. Oubliés de la prévention, ces derniers fréquentent le plus souvent des clients américains et européens.

Après avoir interrogé 298 Caribéens s’adonnant à la prostitution homosexuelle, le Pr Mark Padilla de l’University of Michigan School of Public Health, montre que « la majorité de ces hommes cache la nature de leur rapports sexuels. La stigmatisation sociale est telle qu’ils préfèrent ne pas en parler ». D’autant plus qu’ils sont généralement mariés et pères de famille.

Echappant ainsi à tout contrôle sanitaire, ces hommes ne bénéficient d’aucun programme de prévention. « Ils représentent un réservoir potentiellement explosif pour l’épidémie dans la région ». Laquelle avec 300 000 séropositifs, est déjà la 2ème partie du monde la plus touchée. Juste derrière l’Afrique sub-saharienne. Pour la seule année 2005, l’ONUSIDA estime à 30 000 le nombre de personnes ayant contracté la maladie dans les Caraïbes…

Pour Mark Padilla, c’est aux agences de voyage de relever le défi, en investissant localement dans la prévention du VIH-SIDA. D’autant plus que les principaux clients des prostitués masculins sont Américains et Européens ! « L’Industrie du tourisme doit prendre conscience qu’elle contribue indirectement à une économie du sexe. Elle doit prendre ses responsabilités ». Au même titre que les touristes d’ailleurs, qui sont les premiers concernés.

• 

  Source : Caribbean Pleasure Industry : Tourism, Sexuality and HIV/AIDS in the Dominican Republic, University of Chicago Press, 294 pages, 11 octobre 2007