Baisse de la fertilité humaine : l’environnement en cause
21 février 2012
« En France, environ 1 couple sur 4 à 6 qui arrête d’utiliser un moyen de contraception, sera concerné par une infécondité involontaire d’un an ». Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié ce matin même, fait opportunément le point sur l’impact des « progrès » scientifiques, technologiques et industriels sur la fertilité humaine. L’évolution de notre environnement sous la pression de l’homme, compromet-elle la reproduction et… l’avenir de l’espèce ? Cette question fondamentale trouve aujourd’hui des réponses… de plus en plus préoccupantes.
Il y a plus de 20 ans qu’au sein de la communauté scientifique, le sujet fait débat. Il n’est donc pas surprenant que les rédacteurs du BEH lui aient consacré un numéro spécial. Objectif, « fournir des données valides et actualisées, relatives à la reproduction masculine et féminine ». Ils ont également tenté d’apporter des éléments de réponse quant à la part de responsabilité que les mutations de notre environnement peuvent avoir dans ces perturbations.
Des études concernant l’évolution des caractéristiques du sperme chez l’homme, ont été réalisées dans les différents Centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains (Cecos). Or il en ressort par exemple, qu’« une décroissance de la qualité du sperme a été mise en évidence »… mais de façon inégale dans toutes les régions françaises.
Des variations géographiques ont ainsi été relevées entre les huit centres français. Selon les auteurs, ces variations pourraient être le fait d’une « exposition à de multiples facteurs reprotoxiques, environnementaux ou liés au mode de vie ». Par exemple, l’exposition professionnelle aux pesticides, le surpoids, ou encore l’imprégnation tabagique et alcoolique – fût-elle passive durant la grossesse de leur mère- impacteraient les capacités de reproduction des hommes adultes.
Des recherches à poursuivre
Quelles sont les conséquences de la détérioration du sperme humain sur la fertilité ? Des chercheurs de l’INSERM (U823 à Grenoble et U1018 à Kremlin-Bicêtre) se sont intéressés aux résultats de deux enquêtes portant sur la fertilité des couples en France. La première, menée en 2003, estimait à 18% le pourcentage des couples souffrant d’une infertilité involontaire après 12 mois sans contraception. En 2009 au terme de la seconde étude, les scientifiques évoquaient une proportion d’un couple sur quatre !
Faut-il y voir une conséquence délétère des évolutions de l’environnement ? Les auteurs restent prudents. « Ces études n’ont pas été réalisées dans les zones géographiques où une détérioration du sperme avait été rapportée » soulignent-ils. Toujours est-il que ces travaux peuvent certainement être perçus comme une alerte. Ils surviennent plusieurs années après des études qui ont donné des résultats similaires, en Scandinavie notamment.
Pour aller plus loin
– BEH ;
– Agence de biomédecine.