Bébé : le pouvoir du contact tactile
10 décembre 2021
Le toucher est le premier sens avec lequel le nouveau-né communique avec le monde extérieur. Faisons le point sur l’importance de la sphère tactile sur le développement des bébés.
Des caresses dans le dos, sur le dessous des pieds, des bisous sur les joues rebondies, des heures de peau à peau sur la poitrine de ses parents : dès le plus jeune âge, les possibilités de contacts tactiles ne manquent pas ! Et elles sont d’autant plus importantes qu’elles sont le seul moyen pour les tout-petits d’entrer en interaction avec leur environnement : à la naissance, la vision nette ne s’établit pas au-delà de 20-30 cm et l’ouïe commence à se développer au bout de 4 semaines seulement.
Glycémie, température, respiration
On sait aujourd’hui que des stimulations tactiles, aussi douces soient-elles, suffisent à agir sur la biochimie du cerveau, en transformant les contacts en stimuli électriques. D’ailleurs, tout commence in utero : « avant même la naissance, le toucher est le sens privilégié par le bébé pour découvrir son environnement », décrivent les chercheurs de l’Inserm.
Mais quelles sont les vertus du toucher sur le nourrisson une fois né ? « Le toucher est important pour la croissance physique, mais aussi pour le bien-être émotionnel, les fonctions cognitives et la santé globale des bébés », décrit la Pr Nadège Roche-Labarbe. Dans le détail, le contact tactile :
- Assure la présence et la chaleur corporelle, nécessaires pour sécuriser le petit ;
- Favorise la régulation de la température corporelle du nourrisson ;
- Stabilise la fonction respiratoire dans les premiers mois de vie ;
- Régule sa glycémie ;
- Aide le nourrisson à prendre petit à petit des repères quant aux limites de son corps.
Zoom sur la prématurité
Le contact est si important qu’une carence « peut être à l’origine de retards de développement conséquents ».
Pour identifier les marqueurs cérébraux signant des mécanismes de développement atypiques (psychomoteur et développement), l’équipe de la Pr Roche-Labarbe mène le projet NEOPRENE (2020-2024) auprès de petits prématurés, chez qui le peau-à-peau aide à compenser ce manque de contact lié à l’hospitalisation en néonatologie, et la fragilité immunitaire du nourrisson né avant-terme.
Le principe de l’étude : observer le lien entre « les différences de structure cérébrale, connexions neuronales et capacités cognitives observées chez les enfants nés prématurés avec leurs capacités tactiles – à 35 semaines d’âge gestationnel, puis à 2 ans. »
Par quels moyens ? En évaluant la perception des nourrissons grâce à un petit appareil tactile posé sur leur poignet. L’activité cérébrale est ensuite observée à partir d’un électroencéphalogramme (EEG). Chez les mêmes enfants âgés de 2 ans, des tests permettent aux chercheurs d’observer plusieurs fonctions : la sensorialité, l’attention, les fonctions exécutives et le contrôle moteur.
En cas de troubles, la précocité de ces observations donne le temps d’agir. « Entre 0 et 2 ans, le cerveau est encore hautement plastique », confirme à ce sujet le Pr Roche-Labarbe. « Si des difficultés sensorielles sont repérées assez tôt, les interactions avec les enfants pourraient être renforcées de manière à les compenser. En attendant, les chercheurs mettent l’accent sur les bienfaits de la présence des adultes et de leurs câlins – une richesse que la médecine ne pourra jamais substituer. »
Troubles de l’attention, spectre du trouble autistique
Et en précisant ce lien entre sensoriel et neurodéveloppement chez les enfants nés prématurés, l’équipe de la Pr Roche-Labarbe espère « découvrir de nouvelles pistes de prévention, de dépistage et de remédiation pour les troubles de développement – parmi lesquels on compte ceux de l’attention, des apprentissages et du spectre autistique ».
*Laboratoire COMETE (Mobilités : vieillissement, pathologie, santé), Université de Caen Normandie