Belviq® : remède anti-obésité miracle ou… réel danger ?

04 juillet 2012

La Food and Drug Administration (FDA) américaine vient d’approuver un nouveau médicament anti-obésité. L’hydrochlorure de lorcaserine sera commercialisé sous le nom de Belviq® par Arena Pharmaceuticals, avec pour indication la prise en charge de l’obésité. Ce médicament – comme beaucoup d’autres qui l’ont précédé – permettrait de diminuer la sensation de faim. Et donc les quantités ingérées. Son utilisation pourtant semble déjà très discutée… y compris de ce côté-ci de l’Atlantique.

Le Belviq® agirait sur le récepteur HTR2c de la sérotonine, qui contrôle l’appétit. Il permettrait aux patients de se sentir rassasiés, et cela après avoir avalé seulement quelques bouchées de nourriture. Selon la FDA ce médicament doit être prescrit « aux personnes dont l’Indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 30 ou encore aux patients dont l’IMC dépasse 27 et qui souffrent d’hypertension, d’un diabète de type 2 ou d’une hypercholestérolémie ».

Beaucoup de bruit pour rien ?

Le Belviq® a fait l’objet d’une évaluation dans le cadre d’une étude clinique contre placebo portant sur 8 000 obèses. Tous ont été suivis pendant un à deux ans. La différence de perte de poids chez les patients traités, n’a pas excédé 3% à 5% par rapport au placebo. Un résultat pour le moins, modeste…

Naturellement déconseillé aux femmes enceintes, ce nouveau médicament n’est par ailleurs pas exempt d’effets secondaires. Parmi ceux qui sont rapportés par le fabricant, signalons que le Belviq® peut provoquer céphalées, fatigue, troubles de la mémoire, voire des érections prolongées et douloureuses en cas de surdosage. Soulignons également le risque de troubles neurologiques ou psychologiques : hallucinations, euphorie…

« Le jeu n’en vaut pas la chandelle »

Pour le Pr Jean-Paul Giroud, pharmacologue clinicien et membre de l’Académie nationale de médecine, « prendre de tels risques pour perdre 3kg, ça n’en vaut pas la peine ! » Il ne manque pas d’exemples pour illustrer son propos. « Les modalités de prescription du Belviq® sont les mêmes que celles de deux autres anorexigènes, le Rimonabant (Acomplia®) et la Sibutramine (Sibutral®). Or l’un et l’autre ont été interdits en France (et en Europe, n.d.l.r.) en raison de leurs (graves) effets indésirables : atteintes psychiatriques, risque d’accident vasculaire cérébral, notamment ».

Rappelons que le Belviq®, avait été rejeté une première fois en 2010 par la FDA, en raison des risques de survenue de cancer. « Ces effets indésirables potentiels, si rares soient-ils, sont inacceptables compte tenu de l’efficacité relative de ce produit » conclut le Pr Giroud. « Sans parler de la reprise de poids, souvent induite à l’arrêt du traitement, le fameux effet yoyo ».

Bientôt disponible en France ?

Contactée par l’agence de presse Destination Santé, l’Agence nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM) nous a confirmé « qu’une demande de mise sur le marché a été déposée au niveau européen. Cependant l’étude du dossier ne fait que débuter ».

  • Source : FDA, 27 juin 2012 – ANSM, contactée le 29 juin 2012 – Interview du Pr Jean-Paul Giroud, 3 juille 2012 - Médicaments sans ordonnance. Les bons et les mauvais, Jean-Paul Giroud, Editions de la Martinière, 24,90 euros.

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