Benzodiazépines : trop de patients à risque d’effets indésirables

24 mai 2016

Interactions médicamenteuses, problèmes respiratoires… Certaines situations augmentent le risque d’effets indésirables des benzodiazépines. Or, selon une étude conduite par l’INSERM, près de la moitié des utilisateurs sont dans (au moins) un de ces cas.

Les benzodiazépines peuvent entraîner des troubles de la vigilance, allant de la simple somnolence à la sédation profonde, avec notamment un risque accru de chute chez les personnes âgées. Ces médicaments peuvent également conduire à la survenue d’une détresse respiratoire.

L’Agence nationale du Médicament (ANSM) suit donc de près l’utilisation de ces médicaments afin de développer des mesures permettant d’en limiter l’utilisation. Elle a ainsi demandé à des chercheurs de l’INSERM de réaliser un rapport à partir des données de remboursement de soins de l’Assurance-maladie. Objectif : s’intéresser au profil des utilisateurs de ces molécules.

Leur analyse confirme la très forte consommation dans la population générale, avec 13,8% des patients ayant fait l’objet d’au moins un remboursement en 2013. Les femmes sont de loin les plus concernées et la fréquence d’utilisation augmente avec l’âge. Ainsi, passé 80 ans, deux femmes sur cinq ont bénéficié d’au moins un remboursement d’une benzodiazépine dans l’année !

Mais les auteurs ont surtout constaté que près de la moitié des utilisateurs présentait un facteur de risque d’effet indésirable au moment de la prescription :

  • Interactions médicamenteuses à risque (40% des utilisateurs concernés), notamment avec des opiacés antalgiques ou antitussifs ;
  • Problèmes respiratoires comme l’asthme, une bronchopneumopathie chronique obstructive ou une insuffisance respiratoire (11% des utilisateurs) ;
  • Comorbidités augmentant le risque de chutes et de fractures (7%).

Des alternatives existent

Pour Anne Bénard, l’un des auteurs de ces travaux, « ces chiffres sont inquiétants étant donné le nombre important de sujets traités par benzodiazépines en France. Les interactions médicamenteuses potentielles, situation la plus fréquemment rencontrée, figurent pourtant dans les notices d’utilisation et devraient donc être limitées aux cas où d’autres alternatives n’existent pas ».

Dans la mesure où il existe des alternatives thérapeutiques, se pose alors naturellement la question de la justification de toutes ces prescriptions de benzodiazépines. « Les antidépresseurs de type inhibiteurs de la recapture de la sérotonine sont actuellement recommandés en première intention dans le traitement des troubles anxieux », illustre Anne Bénard.

  • Source : INSERM, 17 mai 2016

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon

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