Binge drinking : des impacts cérébraux bien réels

04 novembre 2014

Excessives et répétées, les alcoolisations intenses impactent le cerveau des jeunes. Mais de quels dommages parle-t-on ? A quel point le binge drinking est-il plus nocif que l’alcoolisation modérée ? Les précisions du Pr Mickael Naassila, co-auteur de l’expertise Inserm « Conduites addictives chez les adolescents » et coordinateur du projet européen AlcoBinge.

Pour évaluer l’impact des ivresses excessives, de récentes études ont comparé les « binge drinkers » aux buveurs modérés. Résultat, « après plusieurs mois d’intoxications répétées, le volume de certaines structures cérébrales est diminué chez les adolescents sujets aux alcoolisations massives ». Or ces dernières décuplent les effets neurotoxiques de l’alcool. Les substances blanche et grise sont atteintes, la connexion entre les neurones perturbée.

Chez l’homme, il est d’ailleurs prouvé que les intoxications massives altèrent les performances cognitives, et plus particulièrement la mémoire de travail, « celle qui sert à stocker temporairement une information afin de pouvoir la réutiliser ». Très impliquées dans la mémoire spatiale, l’hippocampe et d’autres régions corticales essentielles dans les fonctions exécutives (organisation, anticipation, jugement…) sont impactées.

Un risque d’addiction ?

En effet, le cerveau n’aime pas du tout quand l’alcoolémie monte et descend brutalement. Il essaie de compenser le désordre causé par l’alcool, et vivrait cette épreuve comme un véritable sevrage alcoolique. « Délétères, ces processus de sevrage entraînent une neuro-inflammation, ce qui pourrait expliquer la mort des neurones et le mauvais fonctionnement de la substance blanche ».

Ces impacts cognitifs et neurologiques viennent confirmer l’idée que le binge drinking est réellement « plus toxique qu’une consommation modérée ». Cette pratique augmente le risque à long terme de troubles psychiatriques, voire pour certains le développement d’une addiction.

  • Source : Interview du Pr Mickael Naassila, directeur du groupe de Recherche sur l’Alcool et les Pharmacodépendances (GRAP), INSERM ERi 24 de l’Université de Picardie Jules Verne, septembre 2014.

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Dominique Salomon

Aller à la barre d’outils