Binge-drinking : des jeunes bien informés?
17 octobre 2014
En moyenne les adultes de 15 ans et plus consomment 12 litres d’alcool chaque année. ©Phovoir
Rapide et excessive, la consommation d’alcool « nuit à la santé ». Un message de prévention bien connu des jeunes. Pourtant, parmi les étudiants, 40% des garçons et 16% des filles sont considérés comme ‘binge-drinkers’. Et « beaucoup ne prennent que tardivement conscience de l’impact des alcoolisations massives », souligne le Pr Mickael Naassila, co-auteur de l’expertise Inserm « Conduites addictives chez les adolescents » et coordinateur du projet européen AlcoBinge.
Du collège à l’université, les occasions de boire deviennent de plus en plus fréquentes. Les excès et les conduites à risque sont valorisés entre jeunes. Ainsi le binge drinking, phénomène consistant à boire en une seule occasion d’au moins 5 verres pour un homme et 4 pour une femme. Les jeunes le pratiquent dans le but d’atteindre l’ivresse aussi vite que possible. Un phénomène de plus en plus courant.
Alcool précoce
« Les excès ont toujours existé, mais le comportement des jeunes face à l’alcool a clairement changé cette dernière décennie. Aujourd’hui, la première ivresse survient en moyenne à l’âge de 15 ans », décrit le Pr Naassila. Puis cette tendance à l’alcoolisation s’intensifie du collège jusqu’au lycée et après le bac. Les épisodes alcoolisés deviennent plus réguliers, les quantités avalées par soirée de plus en plus élevées.
Faute de recul, on ne peut évaluer l’ampleur précise de ces alcoolisations ponctuelles importantes (API). Mais une chose est sûre : ces ivresses régulières répétées sont en augmentation. Des signes révélateurs prouvent en effet la propagation de ce fléau. « Aux urgences, les hospitalisations pour intoxication éthylique chez les mineurs sont en augmentation. Et dans nombres d’établissements scolaires – en Ile-de-France comme en province – il ne se passe pas une semaine sans que des élèves entrent en classe en état d’ébriété », raconte le Pr Naassila, qui intervient aussi auprès des jeunes en Picardie dans la lutte contre l’alcoolémie précoce.
Vers la modération…
« Les ados avec qui j’échange me semblent conscients de la dangerosité de l’alcool. Mais ils ne se soucient pas assez – et c’est le plus inquiétant – des effets à court et à long terme sur leur propre organisme », souligne le Pr Naassila. Conséquence, « une fois sortis de l’adolescence, beaucoup d’étudiants racontent d’eux-mêmes que l’alcool leur a posé beaucoup de soucis dans leur cursus universitaire, en termes de santé et de résultats scolaires ». Raison pour laquelle il est urgent d’anticiper cette tendance à l’excès dès le collège.
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Source : Interview du Pr Mickael Naassila, directeur du groupe de Recherche sur l’Alcool et les Pharmacodépendances (GRAP), septembre 2014.
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Dominique Salomon