Bisphénol A : tempête dans les biberons ?
14 mai 2008
Le bisphénol A (BPA), substance chimique utilisée notamment pour la fabrication des biberons en plastique est sur la sellette au Canada. Le gouvernement vient en effet d’annoncer son intention d’interdire la vente et l’importation de tous les produits qui en renferment. L’Autorité européenne de Sécurité des Aliments (AESA) suit la question de près. Pour le moment cependant, elle n’a pris aucune décision.
Le 18 avril dernier, le gouvernement canadien publiait une « évaluation préalable et un plan de gestion des risques » associés au bisphénol A. L’étude fait état d’une migration du BPA vers les aliments lorsque « le récipient est exposé à une température élevée ». Ce qui bien entendu, peut être le cas pour les biberons…
Comme l’annonce Santé Canada, le ministère canadien de la santé, « les scientifiques ont conclu que l’exposition des nouveaux-nés et des nourrissons au bisphénol A est inférieure aux niveaux générateurs d’effets sur la santé. Cependant, l’écart entre cette exposition et l’effet sur la santé n’est pas assez grand ». Par mesure de précaution, le gouvernement canadien propose donc de réduire l’exposition au BPA chez les nouveaux-nés et les nourrissons, en interdisant la vente des biberons concernés.
Qu’en est-il en France ? « Il n’y a pas de véritable débat sur le sujet » nous a simplement précisé le Pr Dominique Turck du CHU de Lille, membre de la Société française de Pédiatrie. De son côté, l’Agence française de Sécurité sanitaire des Aliments (AFSSA) attend patiemment les conclusions de l’Autorité européenne de Sécurité des Aliments (AESA) ».
Celle-ci examine actuellement l’ensemble des données canadiennes. Mais pas seulement, puisqu’une autre étude publiée le 14 avril dernier par le National Toxicology Program des Etats-Unis, a également attiré son attention. D’après ce dernier travail, le BPA pourrait « avoir des effets sur le développement des fœtus et des nourrissons ». Les auteurs précisent également que « les effets observés chez l’animal de laboratoire surviendraient à des niveaux d’exposition proches de ceux rencontrés par l’homme »…
La précédente étude de l’AESA sur le BPA date de janvier 2007. L’autorité européenne avait alors réévalué les effets de cette substance sur la reproduction et le système endocrinien, établissant une dose journalière acceptable (DJA). Celle-ci représente « la quantité qu’il est possible d’ingérer chaque jour sans risque notable » pour la santé. Cette DJA est aujourd’hui fixée à 0,05 milligramme par kilo de poids corporel. « Selon les estimations, l’exposition alimentaire au BPA des personnes, y compris les nourrissons et les enfants, est bien inférieure à la nouvelle DJA », avait alors précisé l’AESA.