Blocage des sites pornos aux mineurs : 3 Français sur 4 sont pour
06 juillet 2023
Bloquer l’accès des sites pornographiques aux mineurs. C’est l’objectif de l’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel français, et du gouvernement. Il faut dire que, consommé de plus en plus et de plus en plus tôt, le porno joue un rôle délétère dans la construction de l’imaginaire sexuel des plus jeunes, confirme une enquête Ifop pour le site 01.Net.
Un mineur sur trois regarde du porno au moins une fois par mois, concluait la dernière étude Médiamétrie réalisée pour le compte de l’Arcom et rendue publique en mai dernier. Des chiffres en progression continu depuis plusieurs années, que viennent à leur tour confirmer les données issues d’une enquête Ifop pour le site 01.Net.
Une enquête menée en avril auprès de plus de 2 000 personnes majeures, dans un contexte bien particulier : l’Arcom a en effet saisi la justice afin qu’elle oblige plusieurs sites de diffusion de films X, dont le géant Pornhub, à se mettre en conformité avec la loi du 30 juillet 2020 qui vise à interdire l’accès de ces sites aux mineurs (la décision du tribunal judiciaire de Paris est attendue demain, vendredi 7 juillet). De son côté, le gouvernement a élaboré un projet de loi pour « sécuriser et réguler l’espace numérique », qui comprend des mesures visant elles aussi à interdire l’accès des mineurs aux contenus porno. Ce projet de loi est actuellement en discussion au Parlement.
Comment sont perçues ces initiatives ? Plutôt bien, si l’on en croit les résultats de l’enquête Ifop pour 01.Net. Ainsi, 74% des personnes interrogées approuvent le principe de blocage des sites X aux mineurs (63% chez ceux qui fréquentent activement ces sites, 79% chez les femmes, 55% chez les 18-24 ans). Cette adhésion globale est cependant teintée de doute : 81% des personnes interrogées estiment que le système d’interdiction sera détourné. Seul un gros quart d’entre elles (27%) renoncerait à la fréquentation de ces sites en cas de système de double authentification.
Générateur de complexes
Autre volet de l’enquête : l’impact du porno sur la sexualité. L’effet générationnel est certain : chez les plus jeunes (18-24 ans), 54% des hommes et 51% des femmes indiquent que « la pornographie a joué un rôle dans leur apprentissage de la sexualité », soit 18 points de plus que la moyenne des plus de 25 ans. Elle génère également des complexes, tous âges confondus : sur la taille de leur pénis pour 30% des hommes (51% chez les 18-24 ans), et sur la taille de leur poitrine pour 22% des femmes (39% chez les 18-24 ans).
Pour François Kraus, directeur du pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » à l’Ifop, ces résultats confirment que la restriction de l’accès du porno aux mineurs permettra « de réduire l’influence d’une culture porn génératrice d’anxiété, de complexes corporels et de divers scripts sexuels sexistes ». Une vision partagée par l’Académie nationale de médecine, qui a publié en janvier un rapport intitulé « Accès à la pornographie chez l’enfant et l’adolescent : conséquences et recommandations ».
Rappelant notamment que « l’exposition et l’accès à la pornographie [sont] associés à des attitudes irréalistes au sujet de la sexualité (par exemple en termes de performances) » ou qu’elle « contribue à une vision du monde moins progressiste en termes d’égalité de genre : l’homme y est volontiers dominant, la femme soumise », les auteurs du rapport recommandaient notamment de « responsabiliser tous les acteurs de l’industrie des nouvelles technologies et de faire évoluer la réglementation », mais aussi « de repenser l’éducation à la sexualité à l’école et d’intégrer les parents dans l’éducation à la sexualité ».