Un mineur sur trois regarde du porno au moins une fois par mois

25 mai 2023

Plus de 2 millions de mineurs fréquentent des sites pornographiques chaque mois, et ce dès 12 ans ! Une alerte lancée par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom).

Une étude Médiamétrie pour le compte de l’Arcom et publiée ce 25 mai montre que chaque mois, 2,3 millions de mineurs en France (un mineur sur trois) consultent des sites pour adultes. Soit une augmentation de 36 % par rapport à 2017. Dès 12 ans, plus de la moitié des garçons et un tiers des filles s’y rendent. Dans le détail, le temps passé par les mineurs est de 50 minutes par mois et de 7 minutes par jour.

Pas sans conséquences

Les études tant quantitatives que qualitatives, mais également les avis d’experts, convergent pour dire que la pornographie exerce une influence sur la manière avec laquelle les jeunes vont appréhender leur sexualité. Comme l’explique l’Académie nationale de médecine, « l’exposition et l’accès à la pornographie sont associés à des attitudes irréalistes au sujet de la sexualité (par exemple en termes de performances), à une sexualité plus permissive (par exemple en facilitant la pratique de la fellation ou de la sodomie), à une plus grande acceptation de la sexualité occasionnelle (avec ses retombées dommageables en termes de prévention des maladies sexuellement transmissibles et de recours à l’intervention volontaire de grossesse)… ».

Mais ce n’est pas tout. Les croyances sont aussi modifiées. La pornographie dans son immense majorité promeut de forts stéréotypes de genre contribuant à montrer la femme comme un objet sexuel, croyance fréquente chez les garçons consommateurs. Dans le porno, l’homme y est volontiers dominant et la femme soumise. « La pornographie banalise ainsi la violence sexuelle ; elle porte à croire que l’agressivité permet d’avoir ce qu’on veut et que non veut dire oui. (Elle) renforce les stéréotypes de genre et présente les personnes comme des objets dont on se sert », souligne le Centre canadien de protection de l’enfance.

En tant que parents, comment réagir ?

Vouloir bloquer les accès aux contenus inappropriés serait une utopie. Les écrans sont désormais partout, dès le plus jeune âge. Sans compter que l’ado aime par-dessus tout contourner l’interdit, donc les mots de passe…

Récemment, le Pr Philippe Duverger, pédopsychiatre au CHU d’Angers, nous expliquait que le dialogue avec l’ado est la clé. « Il s’agit de les prévenir que certaines images peuvent être violentes, dérangeantes… Il faut leur parler des interdits, de ce qui est inacceptable, du rapport à l’autre, du respect de l’autre car c’est cela qui se joue dans la pornographie. »

En clair, en tant que parents, il convient de ne pas porter d’œillère, de ne pas faire comme si la pornographie n’existait pas. En dialoguant régulièrement avec votre ado ou pré-ado, vous pourrez lui montrer que vous êtes là. Mais surtout, vous pourrez lui transmettre « une norme de référence en ce qui concerne les relations saines et la sexualité saine pour qu’il puisse exercer son jugement vis-à-vis des messages véhiculés par les médias de masse », recommande le Centre canadien de protection de l’enfance. Vous l’aiderez à « développer une image corporelle positive et une identité sexuelle positive ». Vous lui expliquerez « la différence entre une relation saine et une relation malsaine, la différence entre le respect et le non-respect des limites personnelles ainsi que les droits et les responsabilités associés au comportement sexuel ».

  • Source : Arcom - Fréquentation des sites adultes par les mineurs, 25 mai 2023 - Centre canadien de protection de l’enfance – Académie nationale de médecine - Interview du Pr Philippe Duverger, pédopsychiatre au CHU d’Angers, janvier 2022

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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