Boissons sucrées : l’obésité en cannettes ?
29 septembre 2011
En août dernier, le Premier ministre François Fillon présentait devant l’Assemblée nationale le projet de loi de finances rectificative pour 2011. Parmi les mesures annoncées, la création d’une taxe sur les boissons sucrées destinée à lutter contre les risques de diabète ou d’obésité. Mais l’augmentation des prix des sodas, si elle a un impact sur les finances publiques, en aura-t-elle sur la santé publique ?
Le projet gouvernemental vise, entre autres, les « boissons avec sucre ajouté » c’est-à-dire le saccharose, le glucose et le fructose. Les sodas sucrés – à l’exclusion des boissons light -sont donc en première ligne. En revanche, les eaux aromatisées, les jus de fruits et les produits contenants des édulcorants ne sont pas concernés.
Une augmentation des prix suffisante ?
L’Académie nationale de Médecine a salué cette décision. Elle « s’était déjà prononcée à maintes reprises sur le rôle de ces boissons comme l’une des causes de l’obésité ». Confirmant ainsi que « le projet de taxe sur les boissons sucrées est médicalement justifié, même si son efficacité ne pourra être estimée qu’après sa mise en application ».
Et de citer une étude parue dans l’American Journal of Public Health en 2010. « Après de longs et vains efforts d’éducation, il aura suffi d’une augmentation du prix des boissons gazeuses de 35% à Boston (Etats-Unis) pour faire chuter les ventes de 26% » soulignait alors cette dernière. Encore faut-il que la taxe soit suffisamment élevée de ce côté-ci de l’Atlantique, pour avoir un effet dissuasif. Et il n’est pas certain que les 3,6 centimes d’augmentation qui sont prévus pour chaque litre de ces boissons influent réellement sur le budget soda des ménages.
L’Académie en a aussi profité pour rappeler ses recommandations pour diminuer la consommation de sodas chez les enfants et adolescents :
– Lire les étiquettes avec soin afin d’éviter les produits transformés contenant des HFCS pour High-fructose corn syrups ou sirops de maïs à haute teneur en fructose, ou les sirops de fructose glucose ;
– Réduire la consommation de produits sucrés au profit de produits plus naturels comme le miel, les fruits frais, les purs jus de fruits… ;
– Contrôler la publicité sur les boissons avec sucre ajouté.
Les boissons sucrées facteurs d’obésité… mais pas que
L’Académie rappelle en outre que « la consommation quotidienne d’une ou de plusieurs boissons sucrées accroit de 27% la probabilité de devenir obèse. Inversement, une baisse significative de poids est constatée dès qu’il y a réduction de cette consommation ».
La Chaire internationale sur le risque cardiométabolique (ICCR), de l’Université Laval de Québec (Canada) affirme pour sa part, que la consommation de boissons sucrées joue un rôle « dans le développement du diabète de type 2 et des risques cardiométaboliques ». Petit bémol, la corrélation entre la consommation de boissons sucrés et le risque de survenue d’un diabète n’est pour le moment pas clairement établie. A partir de quelle quantité ? A quelle fréquence ?
Enfin, l’ICCR s’inquiète du développement du syndrome métabolique lié à la consommation excessive de boissons sucrées. Selon elle en effet, « ces boissons favorisent le diabète, l’hypertension artérielle, l’hypertriglycéridémie et l’obésité abdominale… tous facteurs de développement du syndrome métabolique ».