Bourdonnements d’oreille : faut-il accepter les placebos ?

29 janvier 2001

L’essai d’une préparation à base de Ginko biloba portant sur plus de 2 000 sujets de 18 à 70 ans atteints d’acouphènes vient de se solder par un cuisant échec.
Après 12 semaines de traitement, Shelley Drew et Ewart Davies à Birmingham, viennent de conclure « à l’absence de toute différence entre le groupe de patients traités par le produit actif et le groupe placebo. » Mauvaise nouvelle pour les partisans de cette thérapeutique fondée sur l’utilisation des feuilles de l’arbre le plus ancien vivant sur terre.

Ce premier essai « contrôlé » – pour reprendre une expression consacrée – porte un réel coup dur à la crédibilité de médicaments extrêmement populaires. Portées par la renommée et la tradition, les préparations à base de Ginko se vendent en effet par centaines de millions d’unités dans le monde… Hélas, les auteurs soulignent l’impossibilité de prouver un quelconque effet thérapeutique. Ni contre les fameux bourdonnements d’oreilles ni, d’ailleurs, « sur les autres symptômes d’insuffisance cérébrale » présents chez certains malades.

Voilà qui apporte de l’eau au moulin des spécialistes qui assurent, fatalistes, que ces troubles doivent être traités… par le mépris. Les ignorer à défaut de pouvoir les soigner ? Cette « solution » n’est guère satisfaisante pour l’esprit. Et pas davantage pour les malades. L’alternative bien sûr, serait d’accepter le recours au placebo.

D’après Drew et Davies, une telle approche pourrait être « dans l’intérêt des patients (…) particulièrement si le produit en question présente peu d’effets secondaires. » Dans l’intérêt des patients peut-être. Mais sans doute pas dans celui des assurances maladie…

  • Source : British Medical Journal, 13 janvier 2001

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