BPCO : à l’écoute des patients
21 novembre 2023
La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) reste une pathologie peu connue. Et pourtant elle touche entre 5 et 10% des adultes de plus de 45 ans, représente un véritable fardeau pour la qualité de vie des patients et provoque environ 18 000 décès chaque année en France. Alors que se tient la Journée mondiale de la BPCO ce 21 novembre, levons le voile sur cette maladie, ses facteurs de risques, ses signes et sa prise en charge.
Le tabac, un facteur de risque essentiel, mais pas unique
« Dans les pays occidentaux, à peu près 80% des cas de BPCO sont attribuables au tabac », explique le Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue et allergologue au Pradet dans le Var. Cependant d’autres facteurs de risque moins connus existent. « Tout ce qui provient de la combustion peut être une cause de BPCO, comme le mode de cuisson au charbon en Afrique et en Asie. Il y a également toutes les causes professionnelles d’inhalation de fumées ou de produits phytosanitaires. »
Une maladie insidieuse, des symptômes à connaître
La BPCO se caractérise par une inflammation chronique des bronches et une obstruction progressive et irréversible des petites voies aériennes respiratoires. Très insidieuse, elle évolue pendant plusieurs années à bas bruit réduisant peu à peu la capacité respiratoire. « Par exemple, un fumeur qui tousse, on va considérer cela comme normal, or c’est déjà le signe que la BPCO progresse. L’arbre bronchique commence à être atteint. L’autre signe caractéristique, c’est l’essoufflement », précise le Dr Le Guillou. Ces symptômes passent trop souvent inaperçus. « Nous avons un vrai problème de repérage de la BPCO car elle reste très longtemps asymptomatique. Sans oublier que les gens n’ont pas souvent envie d’être mis en porte à faux vis-à-vis de leur addiction au tabac. »
Pour améliorer le diagnostic le Dr Le Guillou, également président de Santé respiratoire France, plaide « pour mettre en place une mesure du souffle pour les prochaines consultations de prévention à l’âge de 25, 45 et 65 ans qui devraient être prochainement mises en œuvre. Cet examen n’est pas si évident à réaliser et nécessite une formation spécifique. »
Des risques pour le cœur…
La BPCO, à terme, retentit sur tout l’organisme et un organe en particulier souffre : le cœur. « La BPCO est en elle-même un facteur de risque cardiovasculaire. Elle augmente considérablement le risque d’infarctus du myocarde. Ceci s’explique en grande partie par les mécanismes inflammatoires liés à la BPCO qui vont abîmer en quelque sorte les vaisseaux sanguins. »
Vers une prise en charge plus équitable ?
Dans le parcours de soins du patient BPCO, il y a du nouveau cette année. « En juin 2023, la Haute Autorité de Santé a estimé que les triples thérapies pouvaient désormais être initiées par les médecins généralistes et non plus par les seuls pneumologues. Au sein de Santé respiratoire France, nous nous sommes battus pour cela, afin de simplifier le parcours de soins du patient. Sans oublier qu’il est plus facile de prendre un rendez-vous avec un médecin généraliste qu’avec un spécialiste. Cette décision a un autre avantage, celui de laisser plus de temps de consultation aux pneumologues – car ce suivi reste nécessaire – pour envisager de manière globale la maladie et les comorbidités. C’est un vrai plus pour les patients. »
Enfin le Dr Frédéric Le Guillou souhaite insister sur l’importance de l’observance. « Nous devons travailler pour améliorer l’adhésion des patients à leurs traitements, pour diminuer les risques d’hospitalisation et de ré-hospitalisation. Nous devons également réfléchir à la mise en place d’une télésurveillance pour les patients les plus sévères. »
Pour plus d’informations https://sante-respiratoire.com/
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Source : Interview du Dr Frédéric Le Guillou, novembre 2023 - https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/bpco-et-insuffisance-respiratoire-chronique
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Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche