Bronchiolite : la place de la kiné
06 décembre 2012
La kiné respiratoire ne fait pas l’unanimité. ©Phovoir
Le dernier numéro de la Revue Prescrire a littéralement fait bondir la Fédération française des Masseurs kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR). Selon différentes études reprises dans ce périodique, « chez les nourrissons atteints de bronchiolite, la kinésithérapie respiratoire a une balance bénéfices-risques défavorable ». Petit retour sur ces informations, avec mise en perspective…
La bronchiolite rappelons-le, est une maladie virale qui est due 7 fois sur 10, au virus respiratoire syncitial (VRS). Elle se manifeste par une toux sèche, provoquée par une inflammation de la trachée et des bronches. Celle-ci s’accompagne souvent d’expectorations. Parfois, la respiration de l’enfant devient rapide et sifflante. Si la plupart des cas évoluent spontanément de manière favorable, il peut arriver que la maladie impose une hospitalisation.
En 2010, les données scientifiques disponibles montraient selon Prescrire, que « la kinésithérapie n’avait pas d’efficacité prouvée pour accélérer la guérison des nourrissons atteints de bronchiolite ». En 2012, les rédacteurs enfoncent le clou, s’appuyant sur une méta-analyse effectuée par la Cochrane collaboration, qui a valeur de référence internationale. Cette dernière a recensé neuf essais comparant la prise en charge de la bronchiolite, avec ou sans séances de kinésithérapie respiratoire.
Une fracture pour 1 000 nourrissons traités
« Avec ou sans kinésithérapie respiratoire, la durée moyenne de la maladie a été d’environ 13 jours », fait valoir Prescrire. La revue ajoute par ailleurs, que dans ces essais plusieurs effets indésirables ont été observés : « désaturation en oxygène pendant la séance, vomissements avec la technique d’accélération du flux ». Rappelons que cette technique est précisément, celle qui est utilisée en France. Elle vise à accélérer le flux respiratoire en provoquant la toux afin de désencombrer les voies aériennes supérieures et les poumons.
Ce n’est pas tout, puisque toujours selon les rédacteurs de la Revue, « outre un inconfort, la kinésithérapie respiratoire expose les nourrissons à d’autres effets indésirables, notamment des douleurs et des fractures de côtes. Selon une étude rétrospective conduite dans des hôpitaux parisiens, le risque a été d’une fracture pour 1 000 nourrissons traités ».
La contre-attaque des kinés
De son côté, la FFMKR voit rouge. « Affirmer aujourd’hui, dans une synthèse de 9 études que la kinésithérapie respiratoire n’est pas efficace pour combattre la bronchiolite est intolérable et va engendrer une panique inutile ». Ses responsables dénoncent le fait que ces pratiques sont attaquées chaque année à la même époque. Ils rappellent ainsi que dans ses recommandations de 2000, la Haute Autorité de Santé (HAS) indiquait que « la prise en charge d’une bronchiolite aiguë du nourrissons est essentiellement symptomatique, la prescription de kinésithérapie n’est pas systématique. Elle dépend de l’état clinique de l’enfant. Ces techniques sont codifiées ». Ces recommandations n’ont toujours pas évolué, malgré la publication des différentes études mises en avant dans la Revue Prescrire.
La FFMKR rappelle par ailleurs que le rôle du masseur-kinésithérapeute « n’est pas de guérir un virus mais de faciliter l’évolution de l’épisode de bronchiolite, de soulager le nourrisson et d’éviter les complications, parfois dramatiques comme les détresses respiratoires ».