Campagne anti-tuberculose : les explications de Claude Evin

23 septembre 2011

La campagne de dépistage de la tuberculose qui débutera ce mercredi 28 septembre à Clichy-sous-Bois (Seine-St-Denis) sera « la plus importante jamais conduite en France » nous explique Claude Evin, Directeur général de l’ARS Ile-de-France. Interview exclusive d’un ancien ministre de la Santé qui insiste : « la tuberculose n’est pas de retour. Elle n’avait jamais disparu ».

Au total, 22 cas de tuberculose ont en effet été déclarés ces dernières semaines dans le quartier du Chêne Pointu, à Clichy-sous-Bois. « La situation est relativement maîtrisée » selon Claude Evin, qui écarte le terme de « flambée ». Il admet néanmoins qu’il « est très rare que l’on trouve une telle focalisation sur un territoire aussi restreint ».

Environ 5 000 habitants de Clichy-sous-Bois ont reçu ou vont recevoir un courrier dans leur boite à lettres. « Cela représente environ 1 500 familles » glisse Claude Evin ». Ce dépistage – gratuit, faut-il préciser – sera basé sur le volontariat. L’enjeu pour les autorités sanitaires régionales sera donc d’atteindre et de motiver les populations-cibles. Celles-ci se caractérisent par leur hétérogénéité, ce qui ne rendra pas la tâche facile.

Pas de lien avec la levée d’obligation vaccinale

D’après les chiffres disponibles (ceux de 2007), sur les 2 067 cas déclarés en Ile-de-France, 34% étaient nés en France, 6% dans un autre pays de l’Union européenne, 27% dans un pays d’Afrique subsaharienne, 13% dans un pays d’Afrique du Nord et 12% en Asie. Dans 4% des cas, le lieu de naissance n’était pas précisé. « J’appelle toutes les personnes concernées à répondre à cette invitation », répète Claude Evin. « C’est une question de responsabilité. L’objectif est d’éviter la propagation de l’infection, et de traiter les personnes qui pourraient être porteuses du bacille tuberculeux ».

Rappelons que depuis juillet 2007, la vaccination par le BCG n’est plus systématique en France. Elle est en revanche fortement recommandée, notamment chez les enfants considérés comme « à risque élevé ». C’est le cas de ceux résidant en Ile-de-France et en Guyane. Y-aurait-il un lien de cause à effet entre la levée de l’obligation vaccinale et une recrudescence de la tuberculose en France ? Claude Evin balaie la question d’un revers de main : « Nous avons un taux de vaccination élevé en Ile-de-France et en Seine-St-Denis notamment, où la PMI joue un rôle important », assure-t-il. « Mais malheureusement, le fait d’avoir un fort taux de vaccination ne règle pas tous les problèmes ».

Daniel Levy-Bruhl de l’Institut de Veille sanitaire, abonde dans le même sens : « En Ile-de-France, les trois-quarts des enfants sont vaccinés par le BCG. C’est plutôt mieux qu’ailleurs. La baisse du taux de vaccination observée en France, n’est pas liée à la levée de l’obligation vaccinale. En revanche, d’après des études que nous avons réalisées sur le sujet, elle est associée à la disparition des tests cutanés par multi-poncture, plus simples à réaliser par les médecins. Et c’était en janvier 2006 ». C’est pourquoi les autorités sanitaires s’efforcent aujourd’hui de convaincre les « praticiens vaccinateurs » de se former à la vaccination intradermique, pour immuniser les populations à risques.

  • Source : Interview de Claude Evin, 22 septembre 2001- Interview de Daniel Levy-Bruhl, 22 septembre 2011 - Programme régional de lutte contre la Tuberculose 2008-2011, Ile-de-France – BEH, 17 juin 2011, n°22.

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