Cancer : 10 propositions pour mieux vivre la maladie
04 février 2025
Malgré les progrès réalisés ces dernières années en matière de lutte contre le cancer, de nombreux défis persistent, notamment des inégalités économiques, sociales et géographiques. Par la voix de son président, la Ligue contre le Cancer interpelle le président de la République Emmanuel Macron avec des idées concrètes pour faciliter la vie des malades et de leurs proches.
Ces vingt-cinq dernières années, les avancées médicales et les diagnostics plus précoces ont permis à la mortalité par cancer de reculer. « Pour autant, dans le monde, le nombre de nouveaux cas a doublé, avec une augmentation de 98 % chez l’homme et de 104 % chez la femme », alerte la Ligue contre le Cancer. « Et aujourd’hui encore, à la détresse face à l’annonce de la maladie, s’ajoutent bien trop souvent des inégalités criantes et observables tout au long du parcours de vie. »
Inégalités d’accès aux soins, aux médicaments ou encore aux soins de support… Dans un manifeste adressé au Président de la République, Philippe Bergerot, Président de la Ligue contre le Cancer énonce 10 propositions concrètes pour aider à mieux vivre avec la maladie. En voici le contenu.
1. Le dépistage accessible à tous et partout
Sein, colorectal, col de l’utérus. Le dépistage organisé est aujourd’hui le moyen de prévention le plus efficace pour détecter un cancer à un stade précoce. Pourtant les chiffres de la participation nationale sont toujours en deçà des recommandations. En 2022, le taux de participation pour le cancer colorectal s’établissait à 34,2 %, loin du standard européen fixé à 45 %. Pire, une baisse de la participation de près de 5 % a été enregistrée pour le cancer du sein par rapport à 2010. En Île-de-France par exemple, près de la moitié des femmes en situation de précarité déclarent méconnaître le dépistage organisé du cancer du sein. La Ligue appelle à renforcer les campagnes de dépistage en impliquant notamment les acteurs de proximité (milieux associatifs…) et aller vers les personnes éloignées du système (qu’elles soient dans les quartiers défavorisés ou en milieu rural) afin de réduire les inégalités d’accès au dépistage.
2. Des consultations d’annonce plus empathiques
Aujourd’hui, 1 patient sur 3 n’est pas reçu en consultation spécifique pour l’annonce de son diagnostic et 42 % ont déclaré que cela avait duré moins de 15 minutes ! La Ligue contre le Cancer propose ainsi de systématiser l’accompagnement psychologique, social et administratif dès l’annonce de la maladie et de proposer des formations spécifiques et continues aux soignants.
3. Pas de reste à charge
Déplacements sanitaires, soins de support… Même avec un emploi, 17 % des personnes malades peinent à prendre en charge les frais engendrés par la maladie. Objectif de la Ligue : mettre en place rapidement une prise en charge à 100 % des soins et dispositifs améliorant la qualité de vie, pendant et après les traitements. Et limiter les dépassements d’honoraires.
4. Des soins jusque dans les territoires les plus isolés
En 2021, l’Observatoire sociétal des cancers démontrait que 53 % des personnes malades ressentaient toujours un manque de coordination. Dans les territoires où l’accès aux soins s’avère plus difficile, cela peut conduire à des allongements des délais de prise en charge, voire à des renoncements de soins. La généralisation de dispositifs comme celui des infirmières de coordination (IDEC) qui organisent leur travail en fonction des demandes et des besoins des patients en situation complexe, pourrait aider à lutter contre ces déserts médicaux.
5. Lutter efficacement contre les pénuries de médicaments
Là encore les chiffres sont parlants : près d’un patient sur cinq a déjà connu une interruption de son parcours de soins, due à l’indisponibilité́ de médicaments ! En 2021, 10 % de ces signalements de ruptures d’approvisionnement concernaient les traitements contre le cancer. C’est pourquoi il est urgent de « relocaliser la production des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur dans le domaine public, en France et sur le territoire européen (…) et d’imposer des stocks de médicaments de sécurité. »
6. Un meilleur accès à l’innovation
Assurer l’accès aux progrès scientifiques est primordial pour le système de santé français. Mais seules 25 % des personnes malades déclarent avoir reçu des informations sur les essais cliniques. L’une des clés : « mettre en place des protocoles décentralisés pour permettre un accès aux patients des territoires isolés de participer aux essais cliniques sans avoir à se déplacer fréquemment dans des centres hospitaliers trop éloignés. »
7. Un meilleur accès aux soins de support
Soutien psychologique, activité physique, sophrologie, hypnose… Les soins de support visent à diminuer les effets secondaires des traitements et les effets du cancer lui-même, ainsi qu’à assurer la meilleure qualité de vie possible aux patients. Et alors que ces soins peuvent apparaître comme une évidence, 38 % des patients n’y ont pas accès. « Garantir l’orientation et l’accès aussi bien en établissement de santé qu’en ville dès le diagnostic et jusqu’à deux ans après la fin des traitements, sans reste à charge », est une nécessité.
8. Le retour à l’emploi
Le deuxième Plan cancer avait pour objectif de lever les obstacles à la réinsertion professionnelle des personnes atteintes de cancer. Pourtant 1 personne sur 3 perd son emploi dans les deux ans qui suivent l’annonce d’un cancer. Pour la Ligue « les modalités d’indemnisation d’un arrêt maladie dans le cadre d’une Affection longue durée (ALD) doivent être assouplies ». Mais aussi autoriser le bénévolat pendant l’arrêt de travail. Objectif, maintenir le lien social.
9. Valoriser les aidants
« Quand ma femme a commencé son traitement, j’ai dû jongler entre mon boulot et ses rendez-vous à l’hôpital, témoigne Paul. J’ai fini par poser mes congés payés pour l’accompagner, mais maintenant, je n’ai plus de jours de repos pour souffler ou gérer les urgences. Je me sens épuisé et pris au piège. »
La France compte 5 millions d’aidants qui accompagnent une personne atteinte de cancer. Et les deux tiers rencontrent des difficultés pour concilier ce rôle avec leur vie professionnelle. Faire évoluer la définition de proche aidant devra notamment passer par « un élargissement des conditions d’accès au congé de proche aidant ».
10. Rendre les soins palliatifs et l’accompagnement de fin de vie accessible à tous
En France, 21 départements ne disposent d’aucune unité de soins palliatifs. En 2023, 40% des personnes atteintes de cancer n’ont pas reçu des soins palliatifs l’année précédant leur décès… Des soins qui devraient pourtant être accessibles à tous ceux qui en ont besoin. Il est impératif « d’augmenter le nombre d’unités de soins palliatifs dans les établissements hospitaliers et développer les équipes mobiles capables d’intervenir à domicile et dans les EHPAD d».