Cancer de la vessie : soyez attentifs aux symptômes !
05 mai 2021
A l’occasion du mois de sensibilisation au cancer de la vessie, faisons le point sur ce cancer dont on parle peu mais qui est le 8e en termes d’incidence en France. Quels sont les signes qui doivent alerter ? Comment aider les patients et leurs proches dans le parcours de soins ? Eléments de réponse.
Un cancer plus fréquent chez les hommes
Plus de 13 000 cas de cancer de la vessie ont été recensés en 2018 dans notre pays, dont 81% chez les hommes. C’est le deuxième cancer génito-urinaire le plus fréquent après celui de la prostate. L’âge moyen au moment du diagnostic est de 70 ans.
Quels facteurs de risque ?
Le tabagisme constitue le principal facteur de risque du cancer de la vessie. Peu de personnes ont pourtant conscience de l’impact du tabagisme sur la vessie : si la « porte d’entrée » des carcinogènes du tabac dans l’organisme est le poumon, la « porte de sortie », ce sont les urines stockées dans la vessie. Selon une étude Opinion Way pour l’Alliance Merck-Pfizer, les Français le savent peu, puisqu’ils placent le tabac comme 2e cause probable de cancer de la vessie. Or, 40% des cancers de la vessie sont liés au tabac. Parmi les autres facteurs de risque, mais beaucoup plus rares, citons une exposition professionnelle à certains agents chimiques également éliminés dans les urines, un traitement antérieur par radiothérapie sur les organes du petit bassin, une chimiothérapie à base de cyclophosphamide, l’inflammation vésicale chronique liée à des infections urinaires répétées, une maladie tropicale (la bilharziose) et enfin certaines maladies génétiques prédisposant aux tumeurs des voies urinaires.
Du sang dans les urines : un des signes à connaître
Dans 80% des cas le premier signe d’alarme d’un cancer de la vessie est la présence de sang dans les urines : l’hématurie. Elle n’est pas spécifique à ce cancer mais elle doit être considérée comme évocatrice. Plus rarement la maladie se manifeste par des signes d’irritation de la vessie en dehors d’une infection urinaire : envies fréquentes ou urgentes d’uriner, brûlures en urinant. Rarement ce peuvent être des douleurs lombaires ou du petit bassin liées à l’évolution du cancer. Face à ces signes, il est impératif de consulter son médecin généraliste qui pourra ensuite orienter vers un urologue. Pour établir le diagnostic, trois examens seront prescrits : une échographie de l’appareil urinaire ; un examen des urines et une cystoscopie (examen interne de la vessie).
Des innovations dans la prise en charge
La prise en charge débute toujours par l’ablation de la tumeur, puis varie selon le stade d’évolution de la maladie. Dans les formes détectées tôt, le traitement peut se limiter à l’ablation de la tumeur par les voies naturelles suivie souvent par la mise en place de traitements visant à éviter une récidive avec la nécessité d’une surveillance prolongée. A l’opposé, dans les cancers plus évolués, qui heureusement ne sont pas les plus fréquents, le traitement peut comprendre la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie ou encore l’immunothérapie. Après 15 ans sans innovation thérapeutique, de récents progrès médicaux ont été observés dans les formes avancées ou métastatiques. « L’Association française d’Urologie (AFU) rappelle que la prévention du tabagisme est fondamentale et que la détection précoce de ces cancers est essentielle afin d’éviter les formes graves qui peuvent mettre en jeu le pronostic vital et nécessitent des traitements lourds » souligne le Pr Yann Neuzillet, urologue et responsable du comité vessie de l’AFU.
Interview de Frédérick Merlier, Président de l’Association Cancer Vessie France les Zuros :
A 41 ans Frédérick Merlier a vu sa vie basculer. « Tout a commencé un dimanche soir avec une goutte de sang dans les urines, je me suis retrouvé aux urgences. Et quelques semaines plus tard, après une échographie, on a découvert des polypes sur ma vessie. Diagnostic : cancer de la vessie. Cela a été très difficile à vivre, cela vous tombe dessus du jour au lendemain ».
Depuis Frédérick s’est pleinement investi dans l’association, créée en 2017, dont il est aujourd’hui président. « Nous souhaitons faire davantage connaître le cancer de la vessie, une maladie encore très peu connue car elle touche à l’intimité et ce n’est pas un sujet dont on parle facilement. Notre première mission consiste à sortir les patients de l’isolement, en favorisant les échanges entre eux pour qu’ils puissent mettre des mots sur leurs maux. Pour cela, nous disposons d’un forum sur notre page Facebook. »
« Notre deuxième combat, c’est de faire connaitre la maladie pour favoriser le diagnostic précoce, en informant aussi bien sur les facteurs de risque que sur les premiers signes de la maladie. Si on est pris en charge le plus rapidement possible, on a de meilleures chances de rémission. »
« Sur notre site internet, patients et proches peuvent trouver des informations sur la maladie, la vie de l’association, des témoignages de patients. Pour 2021, notre objectif serait que plus personne n’ignore les symptômes et les causes du cancer de la vessie. Nous souhaitons également davantage faire connaître leurs droits aux patients et les aider à mieux s’orienter dans leurs parcours de soins. »
Pour davantage d’information sur :
– L’AFU (Association Française d’Urologie) : https://www.urofrance.org/
– L’association de patients Cancer Vessie France Les Zuros : www.leszuros.fr
-
Source : Groupe d’experts de l’Institut National du Cancer - Rapport INCa – 2017 3 https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-de-la-vessie/Les-points-cles - accédé le 11 mars 2021 sur le site de l’institut national du Cancer - https://www.hpsj.fr/specialites/chirurgie-urologique/offre-de-soins/cancers/cancers-de-vessie/ - accédé sur le site de l’Hôpital Paris Saint-Joseph le 11 mars 2021 - Groupe d’experts de l’Institut National du Cancer - Livret guide sur la tumeur maligne, affection maligne du tissu lymphatique ou hématopoïétique : Cancer de la vessie - 10 mai 2010
-
Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon