Cancer de l’oropharynx : détectable… 12 ans avant ?
19 juin 2013
©Phovoir
A l’échelle mondiale, un cancer de l’oropharynx sur trois serait dû à une infection – souvent ancienne et asymptomatique – à un papillomavirus humain (HPV). Une étude internationale met en évidence l’intérêt d’un dépistage précoce des anticorps anti-HPV 16 dans le sang. Et pour cause, il permettrait de détecter la présence de la maladie des années avant qu’elle ne se manifeste !
L’oropharynx est la région anatomique de la gorge qui comprend les amygdales, le voile du palais, l’arrière de la langue et de la gorge. Les facteurs de risque connus du cancer de l’oropharynx sont une consommation régulière de tabac et/ou d’alcool. Mais aussi une infection par un HPV, le plus souvent de type 16, déjà impliqué dans la majorité des cas de cancer du sol de l’utérus. Certaines pratiques sexuelles – la fellation et le cunnilingus notamment – seraient alors en cause.
D’après une étude publiée par le Centre International de recherche sur le Cancer (CIRC) de l’OMS à Lyon, la présence d’anticorps anti-HPV 16 dans la circulation sanguine serait liée à un risque élevé de développer un cancer de l’oropharynx.
Vers de nouveaux outils de dépistage
Ce travail est issu de l’Etude prospective européenne sur le cancer et la nutrition (EPIC) qui se déroule en continu depuis le début des années 90. Il s’agit d’un travail mené auprès de 500 000 Européens dans 10 pays. Au total, 137 participants ont développé un cancer de l’oropharynx. Un tiers d’entre eux présentaient des anticorps anti-HPV 16 E6 dans le sang… 12 ans avant le diagnostic de la maladie !
« Dans un contexte où le nombre de cas de cancers de ce type augmente, ce constat est très important », a déclaré le Dr Christopher Wild, Directeur du CIRC. Le Dr Paul Brennan à la tête du Département Génétique du CIRC ajoute que « nous n’avions pas de marqueurs disponibles pour un dépistage précoce de cette affection. Jusqu’à ce jour, nous ignorions si ces anticorps étaient présents dans le sang avant que le cancer soit cliniquement détectable. Si ces résultats sont confirmés, des outils de dépistage pourraient être ainsi développés ».
Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet
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Source : Journal of Clinical Oncology, 17 juin 2013, DOI: 10.1200/JCO.2012.47.2738 – CIRC, 18 juin 2013