Cancer : dépister grâce à… des chiens !

29 mars 2017

L’idée d’utiliser l’odorat particulièrement fin des chiens pour des activités humaines n’est pas nouvelle. Mais en oncologie, les preuves manquaient. Grâce aux résultats phénoménaux de la première étape d’un projet mené par l’Institut Curie, la détection précoce du cancer pourrait bientôt devenir possible. Les deux animaux impliqués dans ce travail ont en effet détecté 100% des tumeurs mammaires présentées !

Le projet Kdog est un programme de recherche porté par l’Institut Curie, en association avec l’Ecole supérieure de physique et de chimie industrielle de Paris et des experts cynophiles. Son objectif, utiliser l’odorat canin comme outil de dépistage du cancer. Une première phase vient de montrer d’excellents résultats en matière d’efficacité. Ainsi, après 6 mois de dressage, deux bergers malinois ont obtenu un taux de réussite de 100% dans la détection de cancers du sein.

Concrètement, les chiens ont effectué deux « passages » devant les échantillons de sueur de patientes. A chaque fois, les animaux ont reniflé chaque prélèvement. « Lors du premier passage, sur 31 échantillons de sueur de patients analysés, 28 sont détectés positivement par les chiens, ce qui donne un résultat de 90,3% de réussite », notent les auteurs. « Lors du deuxième passage, […] les malinois ont intégralement distingué les échantillons sains de ceux porteurs de marqueurs tumoraux. »

Comment ça marche ?

En 2009, Isabelle Fromantin, infirmière à l’Institut Curie, est partie de l’hypothèse que les composés organiques volatiles et les odeurs tumorales pourraient être des biomarqueurs du cancer. C’est ce présupposé qui est à la base du programme Kdog. En effet, indétectables pour l’homme, les odeurs générées par les tumeurs se révèlent perceptibles par les truffes canines. Le chien a 40 fois plus de cellules olfactives que l’homme. En outre il est capable de détecter un spectre d’odeurs très précis dans des quantités infimes de matière.

Pour cela, « il suffit à une femme de porter un morceau de tissu (sur lequel les composés organiques volatils se déposent, ndlr) pendant quelques heures sur son sein avant de l’envoyer à un laboratoire où les chiens passeront au test de dépistage », détaille Isabelle Fromantin. Cette méthode est totalement non invasive et les femmes ne sont jamais au contact des animaux.

Les bons résultats de cette première phase du programme permettent à présent à l’équipe de préparer l’étude clinique. Laquelle devrait se dérouler de 2018 à 2021. Elle s’appuiera sur une sélection de 1 000 femmes volontaires. Dans cette nouvelle phase, 4 chiens seront à l’œuvre durant les 3 années pour détecter les échantillons.

A terme, les chercheurs souhaitent aboutir à la mise au point d’un dépistage simple et non invasif qui pourrait être introduit dans les pays en voie de développement et à tous les types de cancer.

  • Source : Institut Curie, mars 2017

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils