











© Stokkete/Shutterstock.com
Vous vous sentez plus anxieux, irritable et stressé lors des vagues de fortes chaleurs ? Vous n’êtes pas seul. « Des études indiquent qu’une chaleur excessive provoque des sentiments d’anxiété, d’agitation, d’irritation et de difficultés cognitives, explique la Dre Susan Albers, psychologue à la Cleveland Clinic. Pendant les vagues de chaleur, on observe une augmentation des suicides, de la toxicomanie, des violences conjugales et des visites aux urgences pour problèmes de santé mentale. »
Les températures élevées peuvent exacerber des symptômes préexistants. C’est ce que révélait en 2022 une étude américaine, publiée dans le Jama Psychiatry, menée sur plus de 2 millions de personnes. Les visites aux urgences, entre 2010 et 2019, pour des troubles de santé mentale augmentaient significativement lors des pics de chaleur. Les associations entre les passages à l’hôpital et la chaleur extrême ont été observées pour des troubles spécifiques, comme la consommation de substances, les troubles anxieux, les troubles de l’humeur, la schizophrénie, les troubles schizotypiques, les automutilations…
Une autre étude publiée dans Nature Climate Change a même montré que le nombre de suicides pourrait augmenter de 21 000 cas d’ici 2050 aux Etats-Unis et au Mexique si rien n’était fait pour éviter le réchauffement du climat.
« La chaleur ne cause pas de problèmes de santé mentale, mais elle exacerbe de nombreux symptômes », insiste la Dre Susan Alberts. Toutefois, le stress thermique peut accroitre l’anxiété, l’irritabilité, les sautes d’humeur…
Lorsque les températures sont extrêmes, le corps fournit davantage d’efforts pour rester au frais, ce qui est susceptible d’entraîner une libération de cortisol et d’adrénaline, les principales hormones du stress. Cette réaction peut, à court terme, entraîner un pic d’anxiété et d’irritabilité, une agitation et une sensibilité émotionnelle accrue. Les individus peuvent être davantage sujets à la frustration, l’impatience. Les conflits, au volant par exemple, sont plus fréquents.
En outre, de nombreuses personnes souffrent de troubles du sommeil durant les épisodes de chaleur. Un cercle vicieux se met alors en place : le manque de sommeil engendre fatigue, sautes d’humeur et accentue le stress et l’anxiété.
L’organisme est par ailleurs amené à s’adapter à cette chaleur inconfortable. Celle-ci, combinée à la transpiration, rendue possible grâce à l’augmentation du rythme cardiaque afin d’envoyer davantage de sang à la surface de la peau peut générer stress et anxiété chez des personnes déjà anxieuse.
Les chaleurs extrêmes peuvent aussi entraîner en sentiment de vulnérabilité face à un stress thermique auquel on ne peut pas échapper. Tous ces éléments nuisent à la qualité de vie et s’aggravent en fonction de la durée de l’épisode caniculaire.
Selon une étude publiée dans Health Science Reports en 2023, les populations les plus vulnérables à la chaleur sont les très jeunes enfants, les personnes âgées et les personnes souffrant de troubles mentaux préexistants. Les facteurs socioéconomiques peuvent aussi aggraver la vulnérabilité.
La stratégie d’évitement sera la plus payante contre les températures extrêmes. Si c’est possible, restez dans des lieux frais. « Si vous n’avez pas la climatisation, vous pouvez aller à la bibliothèque, vous promener dans un centre commercial. Vous pouvez aussi prendre une douche froide ou appliquer une serviette froide sur votre front. Cela soulagera instantanément les symptômes cognitifs que vous pourriez ressentir pendant les vagues de chaleur, comme les troubles de la concentration et de l’attention », explique la Dre Susan Albers.
Et si vous n’avez pas d’autres choix que de travailler en pleine chaleur, buvez régulièrement, protégez-vous du soleil, portez des vêtements respirants, éventuellement humides…
Une attention toute particulière doit être portée aux personnes souffrant de troubles mentaux.
Source : Mayo Clinic, Cleveland Clinic, Health Science Reports, Jama Psychiatric, Stanford university
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet