Cancer du col de l’utérus : la prévention à la mode danoise
27 octobre 2014
Pour protéger les adolescentes des papillomavirus, il existe des vaccins et le frottis vaginal. ©Phovoir
Le cancer du col de l’utérus est le onzième cancer chez la femme en France, par sa fréquence. Il existe une stratégie efficace pour aider à lutter contre les 3 000 nouveaux cas annuels et les 1 000 décès estimés en France : le dépistage par frottis associé à la vaccination. Exemple avec le programme de prévention mis en place au Danemark.
Les cancers du col de l’utérus sont principalement dus à des virus appelés papillomavirus humains ou HPV. Il en existe plus de 150 types, dont environ 40 peuvent infecter les organes génitaux. Notamment au cours des premières relations sexuelles. Parfois, l’infection peut entraîner la formation de lésions précancéreuses au niveau du col de l’utérus, dans un délai d’environ 5 ans. Ces lésions précancéreuses peuvent régresser spontanément ou progresser vers un cancer 5 à 20 ans plus tard.
Un programme qui fait ses preuves : le modèle danois
Au Danemark, l’impact d’un programme de vaccination a été évalué. Ce dernier a été réalisé en vie réelle auprès d’une population de près de 400 000 danoises, dont 62 % avaient été vaccinées. Il a été introduit chez les jeunes filles de 12 ans en janvier 2009, et deux programmes de rattrapage ont ciblé les 13-15 ans (en 2008), puis les jeunes jusqu’à 27 ans (en 2012). La vaccination a intégralement été prise en charge.
La couverture vaccinale a été excellente : 80% des jeunes filles âgées de 12 à 15 ans ont reçu un schéma vaccinal complet. En rattrapage (19-27 ans), 6 jeunes femmes sur 10 ont bénéficié la vaccination. « Nous avons observé que les frottis anormaux étaient deux fois plus nombreux chez les non vaccinées », explique Birgitte Baldur-Felskov (Danish Cancer Society Research Center), le principal auteur de cette étude. « Nous avons montré un effet protecteur de la vaccination contre les précurseurs du cancer du col de l’utérus ». Ainsi, une diminution de 73% de l’ensemble des lésions cervicales précancéreuses a été constatée chez les jeunes filles vaccinées nées en 1993-1994.
Et en France ?
L’environnement médiatique en France est entre autres responsable de la remise en question de la vaccination HPV. Aujourd’hui la couverture vaccinale reste très insuffisante : ainsi, fin 2013, moins d’une jeune fille de 15 ans sur cinq avait initié une vaccination HPV. « Avec la vaccination, nous avons là un élément majeur de prévention en complément du frottis face à une affection d’origine virale », explique Kathy Ardaens, gynécologue dans le Nord. « En France, avec un environnement médiatique négatif, nous sommes devenus frileux par rapport à cette vaccination. C’est dommage, car nous prenons énormément de retard par rapport à des pays étrangers comme l’Australie où les lésions précancéreuses du col de l’utérus, mais aussi les verrues génitales, ont régressé.»
« Lorsque la vaccination est arrivée en complément du dépistage, nous, médecins, étions très enthousiastes car il n’est pas courant de pouvoir prévenir ainsi un cancer », nous explique le Dr Brigitte Letombe, gynécologue dans le Nord.
Poursuivre le frottis
Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) s’est d’ailleurs penché sur cette question et préconise de modifier les modalités de la vaccination en France. Objectif, augmenter la couverture vaccinale, associée à la généralisation du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus.
Si la vaccination constitue un des piliers de la prévention du cancer du col de l’utérus, la poursuite du frottis est essentielle. Il est recommandé tous les 3 ans de 25 à 65 ans. En effet, rappelons que la vaccination cible les types de papillomavirus les plus répandus (16 et 18), à l’origine de 70 % des cancers du col de l’utérus. En France, plus de la moitié des femmes ne sont pas, ou trop peu souvent, dépistées… A la moindre question, interrogez votre gynécologue.
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Source : Interview du Dr Birgitte Baldur-Felskov, 5 septembre 2014 - Interview de Kathy Ardaens, 1er septembre 2014 - Interview de Brigitte Letombe, 12 septembre 2014 - INCa/Ministère de la Santé, 1er juillet 2014
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet