Cancer du col de l’utérus : pourquoi l’âge de la vaccination contre le HPV est-il important ?
23 janvier 2025
Recommandé jusqu’à 14 ans, le vaccin contre les papillomavirus humains (HPV) peut être administré en rattrapage jusqu’à l’âge de 19 ans. Toutefois, son efficacité contre les lésions précancéreuses et le cancer du col de l’utérus s’en trouve alors réduite.
Les infections à papillomavirus humains figurent parmi les infections sexuellement les plus courantes. Environ 80 % de la population est exposée à un HPV au cours de sa vie et la majorité des contaminations surviennent dans les premières années de la vie sexuelle. Les HPV à haut risque oncogène sont responsables de lésions précancéreuses au niveau du col de l’utérus, de la vulve, du vagin, de l’anus et de cancers du col, de la sphère ORL, de l’anus, du pénis, de la vulve et du vagin. Aussi est-il recommandé que tous les jeunes, filles et garçons, de 11 à 14 ans soient vaccinés (schéma vaccinal à deux doses). En rattrapage, une vaccination à 3 injections est recommandée chez les jeunes de 15 à 19, et même jusqu’à 26 ans spécifiquement pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.
Le vaccin HPV (Gardasil 9) est à base de protéines qui imitent l’enveloppe du virus mais n’infectent pas la personne vaccinée. Il induit une immunogénicité extrêmement efficace contre le virus. « Sa première efficacité réside dans la prévention de l’infection chronique aux HPV ciblés par le vaccin. Rappelons que l’infection chronique est le premier facteur de risque de cancer du col et des autres cancers HPV induits. Avec la vaccination, on réduit de plus de 99 % le risque d’infections chroniques à HPV 16 et 19 (HPV hautement oncogène, ndlr) », a déclaré le Pr Xavier Carcopino, gynécologue-obstétricien, lors d’une conférence de presse de la Société française de colposcopie et pathologie cervico-vaginale.
Une efficacité moindre du vaccin après 14 ans
Mais l’âge de la vaccination joue un rôle majeur dans cette efficacité. Ainsi, selon une étude suédoise publiée en 2020 dans The New england journal of medicine, la vaccination avant 17 ans diminue de 88 % le risque de cancer du col de l’utérus. Après 17 ans, de 53 % seulement.
Une seconde étude, britannique celle-ci et publiée en 2021 dans The Lancet, montre que la vaccination permet d’éviter 97 % des lésions précancéreuses si elle a lieu entre 12 et 13 ans, 75 % si elle a lieu entre 14 et 16, enfin 39 % si elle est réalisée entre 16 et 18 ans. Selon cette même étude, les cancers sont réduits de 87 % quand la vaccination est réalisée avant 14 ans, 62 % avant 17 ans, 34 % avant 19 ans.
Outre les bénéfices de la vaccination précoce sur la survenue d’un cancer, elle impacte logiquement l’apparition des lésions précancéreuses « Chaque année, en France, près de 30 000 lésions précancéreuses sont diagnostiquées. Le cancer du col est un peu oublié du grand public parce qu’il a reculé du fait du dépistage, souligne le Pr Carcopino, mais les lésions précancéreuses sont, elles, extrêmement fréquentes. Et pour les 30 000 femmes traitées chaque année, c’est une épreuve. Cela implique un traitement qui va toucher au plus intime, à la sexualité, aux problèmes de fertilité, avec un risque sur les grossesses. » Pour rappel, les lésions précancéreuses sont principalement traitées par chirurgie, avec une conisation (résection de la muqueuse atteinte).
La vaccination des filles est essentielle, celle des garçons est indispensable
La vaccination avant 14 ans et celle lors du rattrape entre 15 et 19 ans ne se valent pas. Le rattrapage vaccinal, jusqu’à 19 ans, n’aura pas la même efficacité sur la survenue des lésions et l’apparition des cancers.
Pour rappel la campagne de vaccination contre les HPV, dont la deuxième a débuté à la rentrée de septembre 2024, concerne les élèves de 5e. Si la vaccination des jeunes filles est essentielle, celle des garçons est également indispensable. « La vaccination contre les HPV des garçons permettra, sous réserve d’une couverture vaccinale suffisante, de freiner la transmission au sein de la population générale, et ainsi de mieux protéger les garçons et les hommes, mais aussi de mieux protéger les filles et les femmes non vaccinées », souligne l’Institut national du cancer.