Cancer du pancréas : deux traitements combinés et un vaccin offrent de l’espoir

20 mars 2025

Souvent considéré comme incurable, le cancer du pancréas pourrait bénéficier de nouvelles prises en charge thérapeutiques. Deux travaux récemment publiés en font en tout cas la promesse. Le premier présentant une approche combinant deux traitements complémentaires, montre une réduction tumorale significative, voire une élimination complète de la maladie sur des modèles animaux. Le second fait état d’un vaccin thérapeutique expérimental à base d'ARN messager, capable de stimuler une réponse immunitaire durable et de réduire le risque de récidive après la chirurgie.

Le cancer du pancréas est connu pour son pronostic sombre. Chez la plupart des patients, la maladie s’est déjà propagée au moment du diagnostic, limitant considérablement les options thérapeutiques. Ainsi, à l’heure actuelle, le taux de survie à 5 ans n’est que de 11 %.

Cibler la mutation KRAS

Les mutations des gènes de la famille RAS sont impliquées dans près de 95 % des cancers du pancréas. Le plus actif des membres de cette famille est le KRAS.

Les gènes RAS ont longtemps été considérés comme « non-ciblables » par les médicaments. En 2021, le premier inhibiteur de KRAS a été approuvé pour traiter certains cancers du poumon. Toutefois avec le recul, il est apparu que les cancers porteurs de KRAS peuvent rapidement évoluer et développer une résistance aux thérapies.

Dans un travail publié dans Cancer Discovery, des chercheurs de l’École de Médecine Perelman et du Centre de Cancérologie Abramson de l’Université de Pennsylvanie ont utilisé des inhibiteurs « multi-sélectifs », notamment un agent expérimental nommé daraxonrasib. Contrairement à la plupart des autres inhibiteurs de KRAS, ces composés ciblent l’état actif de plusieurs formes de mutations de la famille RAS. En d’autres termes, « si le cancer mute et qu’un autre type de mutation RAS émerge, le traitement peut continuer à fonctionner », précise le Dr Robert Vonderheide, directeur du Centre de Cancérologie Abramson.

Des résultats précliniques prometteurs

Les chercheurs ont découvert que non seulement l’inhibition multi-sélective de RAS était efficace dans les modèles précliniques de cancer du pancréas, mais qu’elle était encore plus performante lorsqu’elle était associée à l’immunothérapie. « Cette inhibition remodèle le microenvironnement tumoral en apportant davantage de cellules T et d’autres cellules immunitaires, ce qui rend la tumeur particulièrement réceptive à l’immunothérapie », ont observé les auteurs.

Avec cette approche combinée en laboratoire, tous les modèles murins ont montré une réduction tumorale, et la moitié a présenté une réponse complète, c’est-à-dire l’élimination de la tumeur.

Et maintenant ?

Des essais cliniques sont en cours pour vérifier si cette approche fonctionne aussi bien chez l’humain que dans les expériences animales. « Après des décennies de progrès limités, il est encourageant de voir de nouvelles approches thérapeutiques faire leur apparition en faveur des patients », concluent les auteurs.

L’espoir d’un vaccin

Dans un second travail, publié cette fois-ci dans la revue Nature, les auteurs présentent les résultats de leur essai clinique de phase 1. Ces derniers ont mis au point un vaccin thérapeutique contre le cancer autogène à base d’ARN messager, appelé autogène cévuméran. Il s’agit d’une approche personnalisée visant à prémunir de la récidive après une  intervention chirurgicale. Chaque vaccin est spécifiquement conçu pour chaque patient afin d’activer son système immunitaire et l’entraîner à identifier et détruire les cellules cancéreuses.

Les premiers résultats montrent que le vaccin est capable d’activer des cellules immunitaires spécifiques à la tumeur. Cellules qui ont persisté dans l’organisme jusqu’à près de quatre ans après le traitement chez certains patients. « Les dernières données sont encourageantes », déclarent les auteurs du Memorial Sloan Kettering Cancer Center de New York. « Elles suggèrent que ce vaccin thérapeutique expérimental à ARNm peut mobiliser les lymphocytes T antitumoraux susceptibles de reconnaître les cancers du pancréas comme étrangers, potentiellement des années après la vaccination. » Ainsi, les patients y ayant répondu ont-ils vu leur risque de récidive diminuer.

  • Source : https://aacrjournals.org/cancerdiscovery/article/doi/10.1158/2159-8290.CD-24-1475/753898/T-cell-dependency-of-tumor-regressions-and - https://www.nature.com/articles/s41586-024-08508-4

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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