Cancer du rein : à Angers, l’innovation au service du patient

19 octobre 2018

Septième tumeur solide de l’adulte. Plus de 13 000 nouveaux cas chaque année en France. Le cancer du rein est un challenge pour les médecins car il est souvent asymptomatique et découvert tardivement. C’est pourquoi le CHU d’Angers s’investit dans la recherche. Rencontre avec des spécialistes et des patients pour évoquer les innovations.

Le CHU d’Angers s’engage contre le cancer du rein ! Revenons un peu en arrière. En 2015, l’établissement signe une première mondiale : une « une néphrectomie partielle avec occlusion hypersélective des vaisseaux à destinée tumorale ». Derrière cet énoncé complexe se cache une technique pour le moins innovante.

En règle générale, retirer une tumeur sur un rein demeure une opération délicate qui demande notamment de clamper temporairement l’artère, principal vaisseau sanguin qui alimente le rein. Une interruption qui peut faire souffrir cet organe et si elle est prolongée, provoquer des anomalies parfois définitives de son fonctionnement. Et une fois la tumeur retirée, le médecin doit suturer les petits vaisseaux. Toute cette opération réclame plusieurs heures.

Opérer en 90 minutes

A Angers, les Drs Pierre Bigot (du service de chirurgie urologique) et Antoine Bouvier (radiologie interventionnelle) ont uni leurs talents pour imaginer une solution thérapeutique : au cours d’une seule et même intervention, juste avant l’ablation de la tumeur, le radiologue cathétérise l’artère rénale puis embolise de l’intérieur les vaisseaux sanguins (autrement dit, il les bouche) alimentant la tumeur, tout en respectant les autres vaisseaux. Ainsi, seule la partie du rein à extraire sera dévascularisée. Le chirurgien ne touche pas à l’artère rénale. Le reste du rein continue d’être vascularisé, l’organe est préservé de façon optimale et le risque hémorragique est maîtrisé. Durée totale de l’opération, environ 1h30 ! Sans compter que les conséquences post-opératoires de cette intervention sont considérablement allégées pour le patient. Lequel peut généralement sortir au bout de 2 jours. Contre 4 jours à 4… semaines !

Des traitements innovants

Seul bémol, cette technique n’est réalisable que lorsque la tumeur n’est pas trop grosse ! Alors que faire dans le cas contraire ? Plusieurs protocoles peuvent être envisagés. Attardons-nous sur le cas de Jean Luc, 60 ans. En 2015, des urines foncées ont été les premiers signes de sa maladie, qu’il a découverte un peu par hasard. « Baladé » au sein d’un autre établissement, il atterrit finalement au CHU d’Angers. Seulement, sa tumeur fait déjà plus de 15 cm et la néphrectomie partielle est exclue. Il faut également savoir que le cancer du rein est généralement résistant à la chimiothérapie. Alors, quelle solution ? Les traitements oraux ou la chirurgie ? Ce sera l’ablation totale. Trois opérations en 2 mois seront nécessaires : une pour le rein et 2 pour des métastases qui se sont installées sur les poumons. Car le cancer du patient est des plus agressifs.

Malheureusement, le cancer a continué à progresser. « Nous l’avons placé sous Pazopanib », explique le Dr Nathalie Baize, cancérologie médical au CHU d’Angers. « Une thérapie ciblée qui agit sur la cellule. Ces traitements antiangiogéniques ont bouleversé les stratégies thérapeutiques. Car les anciennes immunothérapies ne présentaient que des taux de réponse très faibles. Depuis 2005, neuf de ces thérapies ciblées ont obtenu une autorisation de mise sur le marché. » Aujourd’hui, le cancer de Jean-Luc est « contenu ».

Investir dans la recherche clinique

Ces 2 exemples, celui de la néphrectomie partielle et de celui de Jean-Luc, illustrent l’engagement du CHU d’Angers contre le cancer du rein. En fait les équipes angevines sont impliquées dans différents projets de recherche clinique et collaborent notamment avec les équipes de l’UTTIOM (Unité transversale de thérapeutiques innovantes en oncologie médicale) sur plusieurs  études. Notamment un protocole de recherche dans le cadre du cancer du rein métastatique. Un essai clinique, actuellement en cours, prévoit l’injection d’un vaccin dans la tumeur cancéreuse du rein. Objectif : stimuler le système immunitaire avant la néphrectomie.

  • Source : Reportage au CHU d’Angers, 18 septembre 2018

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon

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