Cancer du sein : le letrozole n’a pas fini de faire parler de lui !

27 octobre 2003

Les résultats publiés début octobre, sur la réduction de moitié des récidives de cancer du sein par un traitement à base de letrozole, ont déclenché un enthousiasme international. Mais cette exaltation est revue à la baisse par plusieurs auteurs de renom.

Si l’étude sur le letrozole a été interrompue avant son terme initialement prévu, c’est semble-t-il à la demande de ses auteurs canadiens. Les résultats préliminaires leur paraissaient en effet si encourageants qu’ils ont souhaité voir un plus grand nombre de femmes bénéficier des bienfaits de cette molécule. Engouement prématuré ?

Pas pour le génériqueur-pirate d’origine indienne Sun Pharmaceuticals. Il commercialise d’ores et déjà et sur une grande échelle sa propre copie de la molécule mise au point par le Suisse Novartis. Le découvreur nous a confié n’avoir pas porté plainte. Il est vrai que ce type de démarche est souvent exploité ensuite, pour dénoncer les abus du régime des brevets. Mais en l’occurrence et considérant les risques encourus par des centaines de milliers de femmes du fait de cette commercialisation pirate, la question aurait mérité d’être envisagée…

Mais revenons au monde normal… Selon un éditorial de John Bryant et Norman Wolmark (université de Pittsburgh), à paraître dans le New England Journal of Medicine du 6 novembre – mais déjà accessible sur le Net – , trop de questions restent sans réponses au terme de l’étude interrompue. Ils soulignent par exemple, que ce traitement « miraculeux » ne serait pas sans danger. Ils se disent ainsi inquiets de la perspective « potentiellement perturbante » constituée par la possibilité de voir les femmes qui suivent ce traitement d’être plus souvent victimes « d’accidents cardio-vasculaires » que les autres.

Pas surprenant qu’ils regrettent l’arrêt de l’étude. Car à leurs yeux, « il aurait était très utile de suivre ces femmes pendant plusieurs années en les comparant à celles d’un groupe sous placebo ». Dans un autre éditorial, Harold Burstein de la Harvard Medical School de Boston, estime pour sa part que « si le traitement a été évalué pendant 2 à 3 ans, sa durée optimale elle, n’a pas été précisée ». Bref, il semble bien qu’il existe encore trop de zones d’ombre pour qu’une diffusion à très large échelle de cette molécule puisse être envisagée en toute sérénité…

  • Source : NEJM 2003: 349; 19 British Medical Journal, vol 326 – p.885

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