Cancer du sein : un test sanguin pour une meilleure prise en charge
12 décembre 2018
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Selon des chercheurs de l’Institut Curie, analyser les cellules tumorales circulantes (CTC) dans le sang permettrait de mieux cibler la prise en charge des patientes atteintes d’un cancer du sein.
Repérer les cellules tumorales circulantes (CTC) pour orienter la stratégie thérapeutique ? Telle est l’idée du Pr François-Clément Bidard, oncologue médical à l’Institut Curie. Lors du récent sommet annuel du cancer du sein*, organisé à San Antonio (Texas, Etats-Unis), le Pr Bidard a présenté ces derniers travaux sur le sujet, dans le prolongement de ses données publiées en 2016.
A cette date, on apprenait que la quantité de CTC « dans le sang des patientes reflétait le pronostic de la maladie. Un taux de CTC élevé étant synonyme d’une propagation du cancer, potentiellement fatale à terme ». En effet, les CTC se « détachent d’une tumeur pour passer dans le sang et migrer vers d’autres organes pour entraîner le développement de métastases ». Grâce à une simple prise de sang, il est donc possible de décrire l’aggravation potentielle du cancer.
Cette technique pourrait-être elle favoriser une adaptation des traitements plus ciblée ? Pour le savoir, l’équipe des Prs François-Clément Bidard Bidard et Jean-Yves Pierga* ont mené une étude (de phase 3) auprès « de 778 patientes recrutées dans une quinzaine d’hôpitaux français et de plusieurs laboratoires d’analyse ». Toutes étaient « atteintes de cancers du sein dits RO+ HER2-, sensibles à l’hormonothérapie, et qui représentent environ 70 % des patientes ». Des cancers très complexes à soigner dès l’apparition de tumeurs.
Un dosage des CTC efficace et peu coûteux
Deux groupes ont été formés. Pour le premier, « le choix du traitement (hormonothérapie ou chimiothérapie) était décidé par le médecin, en fonction de l’état de santé apparent de la patiente ». Pour le second, « le choix était guidé par un dosage des CTC : les femmes présentant une charge élevée de CTC recevaient une chimiothérapie, tandis que les autres étaient invitées à suivre une hormonothérapie ».
Et les résultats sont édifiants. « Dans la majorité des cas, le dosage des CTC confirme le choix fait, a priori, par le médecin, donc ne change pas la prise en charge de la patiente. » Mais « 300 patientes environ présentaient une évaluation discordante ». Pour ces dernières, « le dosage des CTC conduisait à un choix thérapeutique différent de celui fait par le médecin. Ils ont remarqué que les femmes qui auraient été traitées par hormonothérapie d’après le médecin mais avaient finalement reçu une chimiothérapie à cause de leur taux élevé de CTC dans le sang voyaient leur survie augmentée ».
Autre avantage et non des moindres, le dosage des CTC reste « relativement simple, disponible dans plusieurs centres en France et peu coûteux (environ 500 euros) au regard des bénéfices qu’il peut apporter aux patientes ».
*Breast Cancer symposium
** chef du département d’Oncologie médicale de l’Institut Curie