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© Gorodenkoff/Shutterstock.com
À l’échelle mondiale, le cancer du sein est le type de cancer le plus courant chez les femmes et le deuxième type de cancer le plus courant dans l’ensemble de la population. Toutes les minutes, quatre femmes sont diagnostiquées d’un cancer du sein dans le monde, et une en meurt ! On estime à 2,3 millions le nombre de nouveaux cas de cancer du sein et à 670 000 le nombre de décès liés au cancer du sein dans le monde en 2022. Et d’après les estimations du CIRC, 3,2 millions de nouveaux cas et 1,1 million de décès seront recensés annuellement d’ici 2050.
Cependant, le fardeau du cancer du sein n’est pas uniformément réparti entre les différentes régions du monde : la région Australie/Nouvelle-Zélande affiche les taux d’incidence les plus élevés (environ 100 cas pour 100 000 femmes), suivies par l’Amérique du Nord et l’Europe du Nord.
Le rapport du CIRC révèle aussi, qu’en termes de pays, la France est désormais celui où le taux d’incidence est le plus fort. « Le risque au cours de la vie d’être diagnostiqué avec un cancer du sein est de 1 sur 9. Contre 1 sur 10 en Amérique du Nord », peut-on lire dans le rapport.
Nous avons interrogé le Dr Emmanuel Ricard, porte-parole de la Ligue contre le cancer pour comprendre cette situation. « Cela ne peut pas être dû à un surdépistage », nous a-t-il expliqué. « Certains pays, au nord de l’Europe par exemple, dépistent plus que nous. »
Le spécialiste se veut très clair : « pour le moment, nous ne sommes pas en mesure d’expliquer cet état de fait. Des études sont en cours. Nous pouvons tout de même émettre quelques hypothèses : les femmes françaises boivent et fument plus que les générations précédentes. Jusqu’à récemment, le taux de tabagisme était supérieur à celui des autres pays européens. Autre explication : l’épidémie d’obésité et la diminution de de l’activité physique par rapport à d’autres pays. La question des facteurs environnementaux se pose aussi. La courbe des cancers du sein et celle de l’exposition aux perturbateurs endocriniens semblent se suivre. Le recours aux traitements hormonaux de la ménopause est aussi à l’étude… ».
Les disparités sont encore plus criantes en termes de mortalité. Les régions les plus touchées sont la Mélanésie (27 décès pour 100 000 femmes), la Polynésie et l’Afrique de l’Ouest, tandis que l’Asie de l’Est, l’Amérique centrale et l’Amérique du Nord présentent les taux les plus faibles. Cette différence reflète largement les inégalités de développement : dans les pays à faible indice de développement humain (IDH), plus de la moitié des femmes diagnostiquées succombent à la maladie, contre seulement 17 % dans les pays les plus développés.
Le Dr Joanne Kim, chercheuse au CIRC, souligne l’urgence d’agir : « les pays peuvent atténuer ou inverser ces tendances en adoptant des politiques de prévention primaire et en investissant dans la détection précoce et le traitement. »
L’amélioration de la collecte de données et de l’accès aux traitements dans les pays moins développés apparaît aussi primordiale pour réduire les inégalités face à cette maladie qui touche une femme sur vingt au cours de sa vie. Une lutte qui s’annonce cruciale pour sauver des millions de vies dans les décennies à venir.
Source : CIRC
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet