Cancer : l’efficacité de l’immunothérapie influencée par la flore intestinale

12 novembre 2015

L’immunothérapie, comme son nom l’indique, consiste à stimuler le système immunitaire afin de lutter plus efficacement contre certaines maladies, dont le cancer.  Eh bien « quelques bactéries naturellement présentes dans la flore intestinale sont en train de devenir des piliers du succès d’une immunothérapie en oncologie clinique. » Voilà ce qu’avance une équipe française dont les travaux viennent d’être publiés dans la revue Science.

Les chercheurs – Institut Gustave Roussy, INSERM, Institut Pasteur de Lille et Paris, AP-HP et Université Paris-Sud – ont dans un premier temps travaillé sur modèle murin. Lorsque la flore intestinale des rongeurs était dépourvue de deux bactéries bien spécifiques, l’administration d’une immunothérapie – en l’occurrence, des anticorps anti-CTLA4 (ipilimumab) – n’était pas efficace contre la tumeur dont souffrait l’animal.

Selon les auteurs, « la colonisation de la flore intestinale par l’une ou l’autre de ces bactéries était nécessaire et suffisante pour restaurer l’effet de l’anticorps monoclonal et réduire les symptômes de la colite inflammatoire (un effet secondaire du traitement) chez ces souris ».

Et chez l’homme ?

Les équipes du Pr Caroline Robert, chef du service de dermatologie à l’Institut Gustave Roussy et du Pr Franck Carbonnel, chef du service de gastro-entérologie à l’hôpital Bicêtre, AP-HP, ont ensuite débuté un essai clinique chez l’homme.

Ainsi, l’analyse de la flore intestinale de patients souffrant d’un mélanome métastatique après traitement par ipilimumab a permis de montrer « l’importance de ces bactéries immunogènes dans la sensibilité au traitement et la diminution tumorale. »

A noter qu’une équipe américaine est arrivée aux mêmes conclusions sur le rôle d’autres bactéries dans l’efficacité de l’anticorps anti-PD1, le nivolumab.

« Ainsi, le microbiote dicte la réponse thérapeutique ce qui ouvre des perspectives intéressantes de traitement », concluent les chercheurs. « On pourrait proposer à des patients dont la flore intestinale est peu favorable, une composition bactérienne compensatrice soit par des prébiotiques, soit par des bactéries immunogènes issues de la flore intestinale, soit par une transplantation fécale. »

  • Source : INSERM, 6 novembre 2015

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils