Cancer du poumon : aucun intérêt de dépister les fumeurs

26 mai 2016

Dépister le cancer du poumon chez les fumeurs pour détecter et traiter la maladie le plus tôt possible. Sur le papier, l’idée semble intéressante. Mais selon la Haute autorité de Santé (HAS), « les conditions ne sont actuellement pas réunies pour que ce dépistage soit possible et utile ». Décryptage.

A l’origine d’environ 45 200 nouveaux cas en France en 2015, le cancer du poumon est la tumeur la plus meurtrière chez l’homme (21 000 décès) et la 2ème chez la femme (9 500 décès) après le cancer du sein. Cinq ans après le diagnostic de la maladie, moins d’un malade sur six est encore en vie.

Dans le cadre du 3e Plan cancer 2014-2019, la HAS a évalué la pertinence d’un dépistage du cancer du poumon « par scanner thoracique à rayons x à faible dose chez les fumeurs ». Or pour qu’il soit possible et utile de dépister une maladie, au moins six conditions doivent être réunies. Ce qui, selon la Haute autorité n’est pas le cas ici. Ainsi, d’après la HAS :

  • «La maladie est difficilement détectable à un stade précoce à cause de sa rapidité d’évolution ;
  • L’examen de dépistage disponible n’est pas adapté : le scanner thoracique génère trop de faux positifs et reste irradiant même à faible dose ;
  • Les possibilités de traitements sont restreintes, même à un stade précoce de la maladie ;
  • Les personnes qui pourraient bénéficier d’un dépistage ne sont pas précisément identifiables : il n’existe pas de repères précis (nombre de cigarettes fumées, ancienneté du tabagisme) permettant d’identifier avec exactitude les fumeurs les plus à risque de développer un cancer du poumon ;
  • La réduction de la mortalité grâce à ce dépistage n’est pas établie dans le contexte français ;
  • Il existe trop de risques associés à ce dépistage pour des bénéfices très incertains : les inconvénients d’un dépistage du cancer du poumon par scanner thoracique sont nombreux, avec des complications parfois graves voire mortelles suite à l’exploration d’anomalies non cancéreuses identifiées au scanner. »

La Haute autorité de Santé insiste donc sur la nécessité de poursuivre la recherche sur ce cancer et d’intensifier la lutte contre le tabagisme (en multipliant les actions auprès des jeunes notamment).

  • Source : HAS, 19 mai 2016

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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