Cancer : préserver la sexualité des patients

04 février 2019

Le traitement des cancers pelviens a, très fréquemment, des effets indésirables sur la sexualité des malades. Femmes et hommes souffrent souvent d’une perte de libido, mais aussi de sécheresse vaginale et de dysfonction érectile. Pour prévenir ou du moins atténuer ces effets, les traitements se font moins agressifs et des soins de supports se développent.

En cas de cancer pelvien, l’ablation de la tumeur peut entraîner des altérations de l’innervation, de la vascularisation voire de l’organe lui-même. Résultat, des troubles sexuels peuvent survenir. D’autres cancers affectant la sphère digestive, urogénitale ou gynécologique, sont également grands pourvoyeurs de problèmes de la sexualité en raison des conséquences qu’ils ont sur le schéma corporel du patient.

« Pendant longtemps, on a considéré que la perte de la fonction sexuelle était le prix à payer pour guérir ou pour gagner quelques années de survie », souligne le Pr Stéphane Droupy, chef du service d’urologie du CHU de Nîmes. « Ce n’est plus le cas aujourd’hui. » Les progrès de la cancérologie ont en effet permis de mettre au point des chirurgies plus conservatrices. Les radiothérapies et chimiothérapies néo-adjuvantes ont par ailleurs permis de « faire régresser la tumeur avant l’intervention afin que le geste chirurgical soit le moins délabrant possible ».

Sans oublier les traitements focaux. Ces derniers « permettent désormais de limiter l’exérèse, voire d’éviter toute chirurgie », note le Pr Droupy. « Néanmoins, ces traitements innovants sont encore expérimentaux, et n’ont pas été évalués en matière de survie sans récidive », avertit-il.

Des soins de support spécifiques

Reste qu’en parallèle de ces progrès thérapeutiques, « la notion de soins de support qui permet depuis les années 2000 de prendre en compte les conséquences de ces traitements », indique l’AFU. Baptisée oncosexologie, une nouvelle discipline englobe la prise en charge de la douleur, de la fatigue, les conseils nutritionnels, la lutte contre les effets secondaires des thérapeutiques anticancéreuses (nausées, troubles digestifs, troubles cutanés…).

Elle fut d’abord exclusivement destinée aux hommes souffrant de dysfonction érectile. « Sur le plan technique, les thérapeutiques orales, locales, les injections intra-caverneuses de prostaglandines ou les implants sont des moyens efficaces pour restaurer une érection », indique le Pr Droupy. Et « une sexothérapie bien conduite amène en parallèle ces hommes à considérer la sexualité différemment, à ne plus la vivre en fonction de leurs performances antérieures, à faire le deuil de ce qu’ils furent, à inventer de nouvelles formes de relation amoureuse ».

Depuis 2010 seulement, et la tenue du premier congrès d’oncosexologie chez la femme, les problèmes vécus par ces dernières sont enfin pris en compte. Avec notamment « le développement récent de thérapies efficaces pour lutter contre les sècheresses vaginales consécutives aux traitements des cancers gynécologiques ».

  • Source : AFU, 29 janvier 2019

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

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