Cancers gynécologiques : des tumeurs encore taboues ?

05 septembre 2023

Septembre turquoise correspond au mois de sensibilisation aux tumeurs gynécologiques. Autrement dit les cancers qui touchent l’appareil reproducteur féminin. A l’image des cancers de l’endomètre ou de l’ovaire. Deux tumeurs encore peu connues, frappées de tabous et qui pourtant peuvent être soignées quand elles sont détectées assez tôt. A condition bien entendu d’en informer les femmes.

Chaque année en France, près de 5 300 nouveaux cas de cancers de l’ovaire sont diagnostiqués. Un chiffre qui avoisine les 8 000 pour le cancer de l’endomètre. Quant au nombre de décès, il a été respectivement estimé en 2018 à 3 500 et 2 215.

Cancer de l’ovaire : un cancer silencieux

« Le cancer de l’ovaire est trop souvent découvert tardivement chez de nombreuses patientes, à un stade avancé », explique le Pr Benoit You, chef de service adjoint du Service d’Oncologie médicale (Hospices civils de Lyon). « Ceci s’explique par le fait que les ovaires sont peu sensibles au premier stade de la maladie, la patiente ne ressent habituellement pas de symptôme, notamment pas de douleurs, liée à la tumeur. Au fur et à mesure de son évolution, cette dernière va gagner les structures avoisinantes comme le péritoine, provoquant cette fois-ci des symptômes. »

Il peut cependant exister quelques signes précurseurs à l’image des douleurs abdominales, des troubles du transit, une perte d’appétit, de faux besoins d’aller à la selle, d’envies fréquentes d’uriner, des problèmes circulatoires, d’essoufflement…  Aujourd’hui malheureusement, il n’existe pas de test de dépistage pour ce cancer. « Nous recommandons chez les femmes prédisposées, des échographies tous les ans. Et pour la population générale, une surveillance régulière chez le gynécologue doit être mise en place. »

Cancer de l’endomètre : un symptôme maître

« A l’inverse la tumeur ciblant l’endomètre, autrement dit la surface de l’utérus, se caractérise par un symptôme très révélateur : des saignements », poursuit le Pr You. « Comme il survient très majoritairement chez des femmes ménopausées, ces pertes de sang synonymes de reprise de règles incitent à consulter. Généralement diagnostiqué précocement ce cancer est de meilleur pronostic. »

Prise en charge : objectif, viser la guérison…

« La guérison c’est aujourd’hui notre objectif dans le cancer de l’ovaire », affirme le Pr Benoit You. « Et ce grâce à de nouveaux traitements disponibles depuis 2015. » De manière générale, la prise en charge de cette tumeur est dite médico-chirurgicale. « Le traitement médical repose sur la chimiothérapie, et l’utilisation de thérapeutiques ciblées, en association avec une approche chirurgicale. Laquelle consiste à ne laisser aucune trace visible de la tumeur. »

Concernant le cancer de l’endomètre, les médecins proposent généralement « la chirurgie quand elle est possible, ensuite de la radiothérapie pour détruire les cellules cancéreuses, et plus rarement de la chimiothérapie dans les formes plus avancées. » Il existe également des thérapies ciblées pour les formes avancées ou récurrentes de cancer de l’endomètre.

…Et le bien-être des femmes

Au-delà des traitements médicamenteux et de la chirurgie, le Pr Benoit You insiste sur l’importance de prendre en compte la qualité de vie des patientes. « Cela passe par la dimension psychologique pour leur permettre de mieux accepter la maladie et ses conséquences. Nous proposons également de nombreuses approches qui visent à améliorer la tolérance aux thérapeutiques comme la relaxation, l’acupuncture. Nous travaillons avec de nombreuses équipes également pour préparer le retour à la vie normale, en mettant en place des réadaptations à l’activité physique. »

GSK au plus près des patientes et des proches

L’Association de patientes IMAGYN et le laboratoire GSK France proposent aux patientes et à leurs proches une approche novatrice. Baptisée COCON, il s’agit d’une micro-maison itinérante au sein de laquelle, des professionnels de santé et des membres de l’association répondent aux interrogations des femmes autour de 4 ateliers thématiques : sexualité, activité physique, nutrition et parcours de soin. Pour davantage d’informations, http://www.cancerovaireconseils.fr/.

Autre initiative de GSK, tout au long du mois de septembre, « La Fresque des Géantes » fera halte dans certains centres hospitaliers. Plusieurs illustrations qui lèvent les tabous sur le corps féminin, notamment quand il subit le cancer seront présentées. L’occasion de mettre en lumière les cancers gynécologiques et de sensibiliser le public aux réalités de ces maladies.

  • Source : Interview du Pr Benoit You, chef de service adjoint du Service d’Oncologie médicale (Hospices civils de Lyon).

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche

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