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Plus de 15 000 ! C’est le nombre de décès supplémentaires causés par la canicule de 2003. Devant ce constat, les autorités sanitaires françaises ont développé un système de surveillance appelé « iCanicule ». Cet indicateur recense les passages aux urgences du 1er juin au 15 septembre pour trois types de pathologies directement liées à la chaleur : l’hyperthermie (une élévation dangereuse de la température corporelle), la déshydratation et l’hyponatrémie (une diminution du taux de sodium dans le sang).
Les chiffres de 2023 dressent un tableau saisissant : 16 361 personnes ont dû se rendre aux urgences pour l’un de ces motifs. Dans plus de 90 % des cas, les patients ont consulté dans leur région de résidence, à l’exception notable de la Corse où ce taux tombe à 68,6 %, probablement en raison de l’afflux de touristes durant la période estivale.
L’analyse révèle des disparités importantes selon les profils démographiques. Au niveau national, on dénombre 24,4 passages aux urgences pour 100 000 habitants, mais ce chiffre masque de fortes variations. Les personnes âgées de 70 ans et plus présentent des taux nettement supérieurs, confirmant leur vulnérabilité particulière face aux fortes chaleurs.
La répartition géographique des consultations dessine une carte éloquente des vulnérabilités territoriales. Sans surprise, les régions du sud de l’Hexagone affichent des taux d’admission supérieurs à la moyenne nationale. Cette surreprésentation reflète l’exposition plus intense et plus fréquente de ces territoires aux épisodes caniculaires.
L’étude révèle que les manifestations de la chaleur diffèrent selon les tranches d’âge, offrant des pistes précieuses pour adapter la prévention. Chez les tout-petits de moins de 6 ans, près de la moitié des consultations en période caniculaire concernent la déshydratation. Les enfants sont en effet plus vulnérables aux fortes chaleurs du fait de leur jeune âge (leur thermorégulation et leur sudation sont moins efficaces).
Pour les personnes âgées de 6 à 49 ans, l’hyperthermie constitue le principal motif de consultation, témoignant probablement d’une exposition plus directe à la chaleur, notamment lors d’activités professionnelles ou à la plage. Enfin chez les seniors de 60 ans et plus, l’hyponatrémie représente environ un tiers des diagnostics, reflétant souvent les effets d’une hydratation excessive ou inadaptée.
Indicateur de la gravité des situations, 62 % des patients consultant aux urgences pour des pathologies liées à la chaleur ont nécessité une hospitalisation en période caniculaire. Ce chiffre élevé souligne que ces consultations ne relèvent pas de l’inquiétude excessive mais correspondent à de véritables urgences médicales.
Contrairement aux idées reçues, ce travail montre que les épisodes caniculaires ne touchent pas uniquement les personnes âgées ou fragiles. Elle concerne toutes les tranches d’âge, avec des manifestations spécifiques qu’il convient de connaître pour mieux les prévenir.
Source : BEH 11 - 10 juin 2025
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet