Canicule : quels effets sur les animaux d’élevage ?
11 août 2022
Encore plus sensibles que nous à la chaleur, les animaux d’élevage sont particulièrement mis à l’épreuve avec la canicule.
En juillet, dans les alpages suisses, les sources taries ont obligé les éleveurs à hélitreuiller l’eau pour abreuver leurs vaches. Il faut dire qu’une vache laitière boit autour de 150 litres d’eau par jour, mais qu’en période de canicule, ses besoins peuvent atteindre 250 litres ! Puis, début août, l’herbe desséchée a conduit ces mêmes éleveurs à les rentrer plus tôt que prévu à l’étable. Dans le sud-ouest du Kansas (États-Unis), à la mi-juin, quelque 2 000 bovins n’ont pas eu cette chance : ils sont morts dans une plaine d’engraissement, terrassés par un soleil de plomb de 40 °C, sous une chaleur humide sans le moindre brin de vent.
Des chercheurs pronostiquent qu’à l’horizon 2100, plus de 48% du cheptel mondial de bovins (contre 7% aujourd’hui) sera impacté par des vagues de chaleur répétées. L’élevage de bovins pourrait être revu à la baisse… Car le fait est connu de longue date : les vaches supportent mal la chaleur. Au-delà de 22 °C, elles sont en souffrance, deviennent nerveuses et perdent l’appétit. Elles produisent moins de lait, font des veaux plus petits, engraissent moins et ont du mal à se reproduire.
Stress thermique dans les élevages
C’est aussi le cas pour tous nos animaux de ferme. Une étude parue dans The Lancet l’an passé rappelle que pour la plupart d’entre eux, comme pour nous, les températures idéales se situent entre 17 et 24 °C. Au-delà de 24 °C, les moutons commencent à souffrir. Et, à plus de 29 °C, ce sont les cochons, qui, par ailleurs, sont très sensibles aux UV et peuvent même prendre des coups de soleil !
Les poules, elles, ont dès 24 °C un mécanisme de thermorégulation qui les protège un peu mieux des contraintes thermiques… sous réserve d’avoir suffisamment d’espace pour pouvoir battre des ailes. « Les poulets de chair, les poules pondeuses et les porcins sont les animaux d’élevage les plus à risque en raison de la détention en bâtiments et de la densité d’élevage », confirme la Direction départementale de la protection des populations du Puy-de-Dôme sur son site internet. Ce service de l’Etat explique qu’avec la chaleur, ces animaux peuvent étouffer à force de respirer un air vicié en ammoniaque, en dioxyde de carbone et en humidité. Et qu’il leur faut plus fréquemment de l’eau fraîche… afin qu’ils ne se battent pas entre eux.
« Chaud dedans »
Enfin, la chaleur rend les conditions de transport de ces animaux particulièrement terribles : les camions sont pour eux de telles fournaises que la loi leur interdit désormais (depuis juillet 2019) de rouler entre 13 h et 18 h en cas de canicule.
Comme le rappelle l’association Welfarm, qui œuvre pour une meilleure prise en compte du bien-être des animaux, « avec le réchauffement climatique, les vagues de chaleur sont désormais la norme et sont amenées à se répéter et à s’amplifier. Une transformation en profondeur des modes d’élevage s’impose, évidemment pour assurer le bien-être des animaux, mais aussi pour des raisons purement économiques. Sans changement durable, les surmortalités dans les élevages n’iront qu’en s’aggravant et accessoirement, avec un coût toujours plus important pour les éleveurs. »
Avec sa campagne « Chaud Dedans », elle a décidé de lancer l’alerte. En 2019, les épisodes caniculaires avaient entraîné en France une surmortalité de l’ordre de 40 % dans les élevages de porcs et volailles…
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Source : Science of The Total Environment, décembre 2021 - Welfarm.fr, août 2022
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Ecrit par : Clara Delpas - Edité par : Emmanuel Ducreuzet