Cannabis et grossesse : les risques à la loupe

21 février 2022

Le THC, substance active du cannabis, a le pouvoir de traverser la barrière placentaire. Une femme enceinte consommant cette drogue expose ainsi son petit à de nombreux effets délétères. Quels sont-ils ?

Quel impact a le THC (tétrahydrocannabinol), principale molécule psychoactive du cannabis, sur un fœtus lorsque sa maman fume un joint ? De nombreux chercheurs se posent la question depuis des années. Si le consensus se fait toujours attendre, quelques données concordent.

Tout comme la nicotine et d’autres produits du tabac (hydrocarbures, métaux lourds…), le THC est capable de traverser la barrière placentaire. Autres points, les principaux risques associés à la consommation de cannabis pendant la grossesse relèvent d’accouchement prématuré. Mais aussi de petits poids de naissance.

Ainsi, des chercheurs américains de l’Université de Berkeley (Californie), ont interrogé des femmes ayant accouché deux à quatre mois auparavant. Au total, 32 583 répondantes ont été enregistrées. Parmi elles, 4,9% ont rapporté une consommation de cannabis pendant leur grossesse. Sur ce groupe, 7,6% accouchements sont survenus de façon prématurée, et 6,2% des petits pesaient moins de 2,5 kg à la naissance. Les chercheurs confirment une augmentation significative du risque du petit poids de naissance en lien avec l’exposition in utero au cannabis.

En grandissant, le petit exposé au cannabis pendant sa vie fœtale sera aussi plus sujet aux troubles neurodéveloppementaux.

Le tabac, compagnon du cannabis

D’autres risques associés au cannabis trouvent leurs origines dans le fait que cette substance est consommée avec du tabac. Selon ces mêmes chercheurs californiens, le risque d’accouchement prématuré augmente en conséquence.

Le tabac triple également le risque de décès fœtal in utero au début de la grossesse, et ce même risque reste augmenté pendant toute la grossesse. La cigarette favorise aussi le risque d’accouchement prématuré, provoqué dans la plupart des cas par des hématomes rétro-placentaires, des placentas insérés très bas, une rupture prématurée des membranes : il existe ici un effet dose-dépendant. A lui tout seul, le tabac est aussi connu pour favoriser les petits poids de naissance, de 200 grammes en moins en moyenne, sachant que ce risque est proportionnel au degré de consommation de la femme enceinte.

D’autres troubles sont repérés chez les enfants à naître : perturbations respiratoires, surpoids, obésité, trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), autisme. Enfin, le risque de mort inattendue du nourrisson est multiplié par 3 ou 4 du fait d’une exposition in utero au tabac.

A noter : les études sur l’impact du cannabis in utero restent compliquées à mener car différents facteurs de risque peuvent induire un accouchement prématuré et les différences entre les données rapportées par les femmes et la réalité des consommations tendent à différer.

* Pregnancy Risk Assessment Monitoring System

  • Source : « L’essentiel sur… Alcool, tabac, cannabis et grossesse », Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives. « Etat des connaissances sur le tabac : Grossesse et allaitement », Lecrat.fr, sites consultés le 9 février 2022

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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