Cannabis : un frein au travail ?
07 septembre 2016
Michal Moravec/shutterstock.com
Fumer du cannabis diminue la motivation à travailler pour gagner de l’argent. Et selon des chercheurs britanniques, cette apathie passagère n’est pas le fruit d’une consommation régulière. L’équivalent d’un joint suffit en effet à abaisser instantanément le goût pour l’appât du gain.
Plante psychotrope, le cannabis est connu pour diminuer le degré de motivation. Pour évaluer cet impact dans le monde professionnel, des chercheurs de l’University College of London ont mené deux études incluant au total 57 salariés.
Chez les petits fumeurs…
Dans le premier travail, 17 volontaires – consommateurs occasionnels de cannabis – ont inhalé des vapeurs de chanvre. Le jour suivant, des vapeurs neutres dépourvues de THC (tétrahydrocannabinol) ont été diffusées. Dans les deux cas, les chercheurs ont évalué le degré de volonté à effectuer des tâches stimulantes et rémunératrices. Le test en question ? Effectuer des pressions plus ou moins rapides sur la touche espace d’un clavier d’ordinateur. Selon le rythme, la jauge symbolisant le gain financier augmentait ou diminuait.
Résultats, « s’ils n’ont pas été exposés aux vapeurs de chanvre, les volontaires présentent un niveau de motivation financière équivalent aux abstinents. Et après exposition au THC, le rythme de frappe diminue significativement », explique le Dr Will Lawn (UCL Clinical Psychopharmacology), principal auteur de l’étude. Preuve que les fumeurs de cannabis perdent instantanément de vue l’un des principaux objectif du travail… l’argent.
En cas de forte dépendance
Dans la seconde étude, les scientifiques ont formé deux groupes : 20 volontaires accros au cannabis d’un côté, 20 abstinents de l’autre. Dans les 12 heures précédant le début du test, la consommation de tout produit psychoactif (cannabis, tabac, alcool, café) a été interdite aux 40 participants. Le test de la « touche espace » a été effectué. Le bilan ? Aucune différence significative n’a été observée entre le groupe des fumeurs et celui du placebo. « Sans substance, les personnes sujettes à l’addiction présentent le même degré de motivation et un état d’esprit similaire comparés aux abstinents. »
Les effets du cannabis seraient-ils plus perceptibles juste après la consommation que sur le long terme ? « Des études sont à mener pour répondre à cette question », souligne le Dr Will.
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Source : Psychopharmacology, le 1er septembre 2016
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet