Cannabis : même une consommation occasionnelle augmente le risque suicidaire

29 juin 2021

La consommation de cannabis n’a rien d’anodin. Elle a déjà été associée à la survenue de troubles psychiatriques (anxieux, dépressifs, syndromes psychotiques). Elle serait aussi associée à une hausse du risque suicidaire, même avec un usage peu fréquent. C’est le constat d’une équipe de l’Institut américain de la Santé auprès d’une large cohorte.

En France « plus de 25% des 18-25 ans déclarent un usage au cours de l’année », indique la MILDECA. Or « jusqu’à environ 25 ans, le cerveau est dans une phase de maturation. Des recherches en imagerie ont montré que les adolescents sont dans un état unique de transition et de remodelage cérébral qui les rend plus vulnérables aux effets des substances psychoactives. »

Des études ont déjà montré que « la consommation de cannabis à l’adolescence entraîne des perturbations cognitives, physiologiques et comportementales d’autant plus délétères et persistantes que les consommations sont précoces (en particulier avant 15 ans) et régulières », poursuit la MILDECA. Mais à partir de quelle consommation fumer un joint peut-il avoir une influence sur la santé mentale ? C’est en substance la question posée par l’équipe du National Institute on Drug Abuse (NIDA).

Même sans antécédent de dépression

Tout d’abord, les chercheurs ont collecté les données d’usage de drogues de plus de 280 000 jeunes adultes âgés de 18 à 35 ans auprès du National Surveys on Drug Use and Health (NSDUH). Ils les ont ensuite répartis en 4 groupes : ceux qui ne consommaient jamais de cannabis, ceux qui n’en consommaient pas tous les jours, ceux qui en prenaient presque quotidiennement (au moins 300 jours par an) et ceux qui présentaient une consommation problématique (malgré des conséquences négatives). Ils ont également relevé les épisodes d’idées suicidaires ainsi que les passages à l’acte.

Le constat est clair : « même les jeunes ne consommant pas du cannabis quotidiennement, c’est-à-dire moins de 300 jours par an, avaient plus de risque de développer des idéations suicidaires et d’attenter à leur propre vie que ceux qui ne fumaient pas du tout », indiquent les auteurs. Dans le détail, chez les ados n’ayant aucun antécédent de dépression, seulement 3% de ceux ne consommant jamais de cannabis présentaient des idéations suicidaires. Alors que chez les consommateurs occasionnels ce taux monte à 7% et à 9% pour les usagers quotidiens. Ceux présentant une consommation problématique, le pourcentage atteint 14%.

A noter : les femmes sont encore plus à risque que les hommes face à la même consommation.

  • Source : National Institutes of Health, juin 2021 - Mildeca

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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