Casser la spirale des fractures

25 octobre 2005

Après la ménopause, une fracture du poignet, de la hanche ou des vertèbres doit faire évoquer la possibilité d’une ostéoporose. Voilà pour la théorie… Car dans la pratique après une première fracture, 8 femmes de plus de 45 ans sur 10 ne sont pas traitées !

Les conséquences en sont pourtant redoutables, comme l’a constaté le Pr Robert Lindsay de New-York. Avec son équipe, il a suivi 7 200 femmes qui avaient été victimes d’une fracture vertébrale. “Parmi celles qui n’ont pas été traitées, une sur cinq a eu une nouvelle fracture dans l’année. Contre 8% dans le groupe pris en charge“.

En France la situation est identique” nous confirme le Dr Gérald Rajzbaum, chef de service de rhumatologie à l’hôpital Saint-Joseph de Paris. Mais il ne s’arrête pas à ce constat. Avec son équipe, il vient de lancer un programme de prise en charge médico-chirurgicale des fractures. “Notre objectif, c’est de parvenir à traiter au moins une patiente sur deux“. Insuffisant bien sûr, mais néanmoins ambitieux.

Traiter un malade ! Voilà qui peut sembler élémentaire, non ? Mais en matière d’ostéoporose, il s’agit parfois d’un véritable challenge. “Car cette maladie est encore trop considérée comme une fatalité. Y compris par les médecins” poursuit Gérald Rajzbaum. “Actuellement, les patientes ne sont pas suivies sur le long terme. Après une fracture, elles arrivent généralement aux urgences et sont hospitalisées au sein du service de chirurgie orthopédique… avant de ressortir“. Sans traitement donc, fatalité oblige…

A Saint-Joseph, les femmes reçoivent la visite quotidienne d’un rhumatologue “qui répond à leurs questions et explique ce qu’est l’ostéoporose“. Elles sont ensuite revues six mois après leur sortie “pour faire le point sur leur état et voir si elles suivent correctement leur traitement“.

Car en plus, parmi les femmes traitées, une part trop importante abandonne au bout de quelques mois seulement! “Elles n’ont pas l’impression d’être malades et ne constatent pas de bénéfice immédiat. C’est d’autant plus regrettable que des traitements performants existent“. Comme les biphosphonates, qui ont aujourd’hui fait la preuve de leur efficacité en réduisant de plus de 50% le risque de nouvelles fractures avec un recul de plus de 10 ans pour l’alendronate par exemple. L’ostéoporose, ce n’est donc pas une fatalité. Mais bien une maladie qui se soigne.

  • Source : De notre envoyé spécial au 27ème congrès annuel de l'American Society for Bone and Mineral Research (ASBMR), Nashville (USA), 23-27 septembre 2005

Aller à la barre d’outils