C’est quoi le « poumon d’acier » qui permettait de traiter la polio au milieu du XXe siècle ?
15 mars 2024
Le 11 mars dernier, Paul Alexander est décédé après avoir vécu plus de 70 ans dans ce que l’on appelle un « poumon d’acier ». Et ce après avoir contracté la poliomyélite à l’âge de 6 ans. Quel est ce dispositif qui a sauvé de nombreuses vies au milieu du XXe siècle ?
La poliomyélite (ou polio) est une maladie infectieuse potentiellement mortelle causée par le poliovirus. Ce dernier envahit le système nerveux et peut provoquer une paralysie totale en quelques heures. Les premiers symptômes sont de la fièvre, de la fatigue, des céphalées, des vomissements, une raideur de la nuque et des douleurs dans les membres. Une infection sur 200 entraîne une paralysie irréversible et 5 à 10 % des personnes atteintes de poliomyélite paralytique décèdent des suites d’une paralysie des muscles respiratoires.
S’il existe aujourd’hui 2 vaccins mis au point dans les années 50 et permettant de protéger un enfant à vie et donc d’entrevoir une possibilité d’éradiquer la maladie, cela n’a pas toujours été le cas. Et des scientifiques ont cherché à suppléer l’incapacité de respirer des victimes de la polio.
Imiter la respiration
En 1931 aux Etats Unis, John Haven Emerson a modernisé un « poumon d’acier » créé en 1928. Ce dispositif – un caisson en quelque sorte – permettait de recréer un microenvironnement qui imite la façon dont les muscles de la poitrine et le diaphragme font entrer et sortir l’air des poumons. Le patient est allongé sur le dos. La tête repose sur un support à l’extérieur de la machine avec un collier en caoutchouc autour du cou pour assurer l’étanchéité nécessaire au maintien de l’environnement sous pression. À mesure que la pression augmente dans le réservoir, l’air est expulsé des poumons du patient par la bouche et, à mesure que la pression diminue dans le réservoir, l’air est aspiré dans les poumons du patient.
« La plupart des patients n’ont utilisé leur poumon d’acier que pendant quelques semaines ou quelques mois, selon la gravité de la crise de polio, mais ceux qui ont laissé leurs muscles thoraciques paralysés de façon permanente à cause de la maladie ont été confinés toute leur vie », peut-on lire sur le site de l’Université d’Etat de l’Ohio. A l’image de Paul Alexander, cet américain ayant contracté la polio en 1952 à l’âge de 6 ans et « confiné » jusqu’à sa mort, il y a quelques jours. « En 1959, 1 200 personnes utilisaient des poumons d’acier aux États-Unis, mais en 2017, il n’y en avait plus que trois. » Et pour cause, la quasi-éradication de la polio avec la mise au point vaccin de Jonas Salk en 1952, l’utilisation des poumons d’acier est devenue largement obsolète.
L’Université d’Etat de l’Ohio précise tout de même qu’avec « la pénurie mondiale de respirateurs modernes nécessaires aux patients atteints d’un Covid-19 sévère, des prototypes de nouvelles versions facilement productibles du poumon d’acier ont été développés. »